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février 2005 Pour combattre ses « réformes »
antiouvrières dictées par le
FMI...
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A bas
le méga-front populaire de Lula,
arme du capital contre les travailleurs !
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Cet article est traduit de Vanguarda Operária n°
8 (janvier-février 2005),
publié par la Liga Quarta-Internacionalista do Brasil, section
brésilienne de
la Ligue pour la Quatrième Internationale.
Dès
l’instant où Luiz Inacio Lula da Silva a emménagé
dans le bureau
présidentiel à Brasilia, la déception a
été grande au sein de la classe
ouvrière brésilienne, et maintenant la colère des
travailleurs couve. Une
période de luttes ouvrières contre le gouvernement
dirigé par le Parti des
travailleurs de Lula (PT- Partido dos Trabalhadores) s’annonce,
période dans
laquelle la question clé sera la résolution de la crise
de la direction
prolétarienne. Considéré par des millions de
travailleurs et travailleuses lors
des élections de 2002 comme « un des
nôtres », le « camarade
président » a loyalement servi ses maîtres
capitalistes et impérialistes
et non les pauvres et les affamés qui ont voté pour lui.
Il a réalisé à la
lettre le programme antiouvrier du Fonds monétaire international
(FMI). Ce
comportement, que beaucoup de travailleurs voient comme une trahison,
est
inhérent à la nature même d’un front populaire, une
alliance bourgeoise de
collaboration de classes qui unit des organisations et partis ouvriers
réformistes et centristes à des partis et politiciens
bourgeois. De cette
façon, ils enchaînent la classe ouvrière à
son ennemi de classe. Ce fut
précisément à cet engagement envers la classe
dirigeante, et à la crise
économique profonde qui s’étend à plusieurs pays
d’Amérique latine, qu’on doit
l’élection de Lula après sa quatrième campagne
pour la présidence.
Dans
sa totalité la gauche opportuniste a donné son soutien au
PT – que ce
soit enthousiaste, critique ou indirect – tout comme elle a toujours
fait
depuis le temps du « PT des origines », en
dépit de son alliance avec le
Parti libéral (PL) du vice-président de Lula, José
Alencar.1
Naviguant contre le courant électoral front-populiste, la Liga
Quarta-Internacionalista do Brasil (LQB – Ligue
quatrième-internationaliste du
Brésil) a averti : « Les patrons du
Brésil ont confié à Lula la
tâche de faire avaler aux masses travailleuses les
réformes antiouvrières que
ses prédécesseurs de droite furent incapables de leur
imposer »
(« Gouvernement du PT-PL : pompier au service du
FMI », Vanguarda
Operária n° 7, janvier-février 2003). Une fois
installé au Palácio do
Planalto (le palais présidentiel) dans la capitale, le
nouveau président
a élargi sa coalition pour y inclure le PFL2
du cacique (patron politique) régional Antônio
Carlos Magalhaes et des
personnalités politiques du PMDB3,
tels que les ex-présidents Itamar Franco et José Sarney.
Le premier a privatisé
la Compagnie nationale de l’acier (CSN) et le second a autorisé
l’invasion de
la CSN par l’armée, tuant trois travailleurs, lors de la
grève historique de
1988. Lula a aussi rallié des comparses des dictateurs
militaires, tels que
Delfim Neto et Paulo Maluf. Avec ce « méga-front
populaire », Lula
s’est entouré d’une large majorité bourgeoise, y compris
au Congrès, dans le but
de mettre au pas l’aile gauche de son propre parti et surtout comme
garantie
contre les luttes de plus en plus combatives des travailleurs et
travailleuses.
Après
un an et demi au pouvoir, la popularité du « camarade
président » a chuté dans les sondages. Dans
les gratte-ciels de la Bovespa
(la Bourse) et du Fiesp (association d’industriels), situés dans
le centre
commercial de São Paulo, dont l’Etat est considéré
comme « la locomotive
du Brésil », les banquiers et industriels arrosent au
champagne les profits
qui continuent de s’envoler dans la stratosphère, malgré
la nervosité qu’ils
ressentaient avant l’investiture du nouveau gouvernement dirigé
par le PT. Mais
dans les quartiers ouvriers de la région industrielle ABC autour
de Sao Paulo,
le mécontentement grandit avec la chute des salaires et la
hausse du chômage.
Les programmes d’assistance sociale annoncés par le nouveau
président en
janvier 2003, telle la campagne « Faim
zéro », soit sont
restés lettre morte, soit, comme dans le cas du
« Panier scolaire »,
se sont limités à une aumône ridiculement
insuffisante en nourriture accordée
aux familles affamées. Pour beaucoup de travailleurs, le verdict
a été
implacable : leur situation ne s’est pas améliorée,
au contraire elle a
même empiré, comparée à la période
précédente du gouvernement Fernando Henrique
Cardoso.
Durant
le premier trimestre de 2004, le secteur public (le gouvernement
fédéral, les Etats de l’union et les
municipalités, en plus des entreprises
nationalisées) a réalisé un excédent
budgétaire brut record d’environ 20
milliards de reais (à peu près 5 milliards d’euros), un
montant dépassant
l’objectif de 14,5 milliards fixé par le FMI. En même
temps, le taux de chômage
a grimpé pour atteindre le sommet record de 20,5% dans la
région métropolitaine
de São Paulo. Il y a une relation étroite entre ces deux
chiffres : avec
le chômage croissant, le gouvernement brésilien a
réussi à faire
« croître » le produit intérieur
brut de 5,4%, qu’il a consacré au
paiement des intérêts de la dette extérieure par
des coupes claires dans les
programmes sociaux et des taux élevés
d’intérêt bancaires (plus de 16%), ce qui
a entravé la production. Le peu de croissance économique
qui a eu lieu est due
au bas niveau des taux d’intérêt internationaux (environ
1% à New York) ;
maintenant ces taux augmentent de nouveau, menaçant de provoquer
une stagnation
absolue. Comme toujours, c’est la classe ouvrière qui paie les
dettes des
patrons.
Mais,
alors que le système capitaliste continue de
générer de la pauvreté,
la lutte des classes ne s’arrête pas. Face au ridicule bilan de
la réforme
agraire (avec plus de 4,5 millions de familles sans-terre au
Brésil, le
gouvernement a promis d’en installer quelque 400 000 sur leurs
propres
terres d’ici à 2006, mais en 2003 il a seulement réussi
à fournir de la terre à
36 000 familles et moins encore en 2004), une nouvelle vague
d’occupations
de terres vacantes a déferlé. Au milieu des
commémorations des 19 paysans
assassinés à El Dorado dos Carajás en 1996, le
Mouvement des travailleurs ruraux
sans-terre (MST) lançait sa
campagne
« Avril rouge » avec 109 occupations de terre, le
plus grand nombre
depuis 1995. Dans la région du Pontal do Paranapanema de l’Etat
de Sao Paulo,
il y a eu des affrontements entre les paysans et les jagunços
(armées
privées de assassins à gages) embauchés par les
propriétaires terriens, qui
pouvaient se transformer en guerre ouverte à n’importe quel
moment. Dans l’Etat
méridional du Rio Grande do Sul, la police
fédérale menace d’arrêter les
paysans qui campent le long de la route 386. Mais Pedro Stédile,
chef du MST,
décrit son mouvement comme étant
« conservateur », disant que
« nous voulons seulement que le gouvernement applique la
Constitution », qu’il essaie seulement pousser Lula à
agir, et qu’une
étincelle pourrait enflammer la campagne brésilienne.
L’agitation
grandit aussi dans le prolétariat industriel. Lula a
été hué
par les travailleurs à Mercedes Benz dans son ancien bastion,
São Bernardo do
Campo, quand il les a appelés
« privilégiés » parce qu’ils payent
des
impôts sur leurs salaires. Un métallo a
protesté : « Assez de
promesses, nous voulons de l’action. Nous sommes fatigués de
nous faire mener
en bateau » (O Reporter do ABC, 27 avril 2004).
Quelques jours plus
tard, des travailleurs ont bloqué l’autoroute à Anchieta.
Le 1er
mai, les fédérations syndicales ont fait descendre deux
millions de personnes
dans les rues de Sao Paulo – 800 000 pour l’initiative
organisée par les pelegos4
de la gauche progouvernementale de la CUT5,
et 1,2 millions pour l’initiative des pelegos droitiers de
Força
Sindical – ce qui est égal au nombre des sans-emploi de la
région
métropolitaine de São Paulo. Dans la manifestation, les pelegos
ont
distribué du maïs soufflé et des sucettes
payés par les patrons de Bovespa et
par l’Etat Cependant, la minuscule
« augmentation » du salaire minimum à 260
reais par mois (un peu
moins de 75 €, soit environ 2,50 € par jour), que Lula a fait
entrer en
vigueur la veille de la fête des travailleurs, fut accueillie
dans les
manifestations par des huées et des cris assourdissants. Et le
10 mai, les employés du secteur
public fédéral sont
entrés en grève pour la deuxième fois en un an,
revendiquant une hausse
salariale d’urgence de 50% (pour compenser la perte du pouvoir d’achat
depuis
1995, l’augmentation devrait être supérieure à
125%).
Après
avoir imposé la réforme des retraites l’année
passée, après une grève
d’un mois des employés fédéraux, le gouvernement
Lula se prépare maintenant à
imposer ses « réformes » syndicale et
universitaire. La première
renforce le pouvoir des directions des fédérations
syndicales, afin qu’elles
peuvent se débarrasser du droit des assemblées syndicales
de voter sur des
conventions collectives négociées ; en même
temps, elle
« régularise » (c’est-à-dire,
limite) le droit de grève. En échange
de l’abrogation du détesté « impôt
syndical », une mesure héritée du
régime corporatiste de Getulio Vargas et de la dictature
militaire (qui place
les syndicats sous le contrôle financier de l’Etat), elle impose
de lourds
« impôts » aux fédérations
syndicales, allant jusqu'à 13% du salaire.
La réforme de l’université prépare
déjà la voie à la privatisation de
l’éducation publique supérieure en augmentant les frais
de scolarité pour les
étudiants et en concentrant l’investissement public dans les
institutions
privées. Comme dans le cas de la contre-réforme des
retraites, ce programme
suit les diktats des institutions financières internationales
(FMI, Banque
mondiale) dont le but est d’accroître les taux de profit en
faisant des coupes
claires dans les dépenses publiques consacrées à
l’éducation, à la santé et à
d’autres secteurs « non rentables ».
Pendant
ce temps, Lula sert à l’impérialisme yankee de huissier
pour
maintenir l’ordre en Amérique latine. En octobre 2003, il s’est
joint au
gouvernement argentin de Nestor Kirchner dans une mission ratée
en Bolivie qui
tentait de sauver le gouvernement du massacreur détesté
Gonzalo Sánchez de
Lozada. Ensuite, en juin 2004, un contingent de 1 800 militaires
brésiliens a été envoyé en Haïti
prendre la place des troupes d’occupation
américaines qui ont soutenu le coup d’Etat du 1er
mars et enlevé le
président haïtien Jean-Bertrand Aristide. Les Etats-Unis
ayant besoin de forces
pour consolider en Irak l’occupation coloniale confrontée
à la rébellion, le
Brésil est venu rapidement à l’aide des
impérialistes enlisés par leur
conquête. Le général brésilien Heleno
Ribeiro Pereira, qui commande la force de
« stabilisation » des Nations Unies,
prévoit qu’il pourrait avoir à
déclencher une « action énergique »
contre « une manifestation
ou une autre qui franchit les limites de la
normalité » (BBC, 31 mai
2004).
Haïti
est le seul pays des Amériques où une révolution
d’esclaves a aboli
l’esclavage, infligeant même une défaite à la
France, alors puissante, de
Napoléon Bonaparte. Au même moment, Dom Joao VI, le roi
portugais, fuyait sa
patrie et trouvait refuge au Brésil. Le Brésil, le
dernier pays des Amériques à
abolir l’esclavage (en 1888), avec la plus grande population noire dans
le
monde en dehors du Nigeria, tente donc de
« stabiliser » la première
république noire du continent, le lieu de naissance de
l’héroïque esclave
révolutionnaire Toussaint Louverture, en plaçant le pays
sous la botte
militaire au profit de Washington. En échange, Lula voudrait
avoir l’appui de
Bush pour obtenir un siège permanent pour le Brésil au
Conseil de sécurité des
Nations Unies.
Face
à l’offensive généralisée du gouvernement
Lula contre les
travailleurs, les paysans, les étudiants et d’autres secteurs
opprimés, il ne
manque pas de signes de rébellion et de tentatives de lutte. Ce
qu’il faut
avant tout, c’est une direction révolutionnaire. Cependant,
pratiquement toute
la gauche et même la supposée « extrême
gauche » sont subordonnées au
front populaire dirigé par le PT. Lors des élections de
2002, des
« socialistes » et même des
« communistes » ont crié
« Lula lá » (Voilà Lula),
alors que la direction du PT faisait
campagne avec le « roi des maillots »,
l’industriel du textile José
de Alencar. Après la défaite de son candidat, José
Maria de Almeida, lors du
premier tour des élections, le pseudo-trotskyste PSTU (Partido
Socialista dos
Trabalhadores Unificado)6,
basé sur le fait que les « travailleurs croient en
Lula », a déclaré
qu’il se « joindra à la classe ouvrière et
aidera à appeler au vote pour
Lula et à le faire élire ». Quoique quelques
groupes aient hésité à donner
un aval explicite à Lula, comme ils l’ont fait lors des
élections précédentes
quand le PT participait à des fronts populaires avec des
alliés bourgeois moins
à droite, ils ont tenté après le vote de novembre
2002 de pousser à gauche le
nouveau gouvernement, cherchant à profiter des
« espérances » des
masses suscitées par l’élection de Lula (la position du
PSTU) ou des
« tendances révolutionnaires des masses »
(position du Partido Causa
Operaria, PCO).7
Seule
la LQB insistait sur la
position du trotskysme authentique de lutter pour l’indépendance
politique révolutionnaire de la classe ouvrière,
en refusant, comme une question de principe de classe, de voter pour
tout
candidat ou parti d’un front populaire, qui est une formation politique
bourgeoise. (Lire la déclaration de la LQB,
« Oposição proletária à frente
popular ! Pela revolução socialista
internacional ! » du 25
septembre 2002, reproduite dans Vanguarda
Operária n° 7.) Nous avons averti que, loin de gouverner
en faveur des
travailleurs et des pauvres, Lula a été porté
à la présidence pour jouer le
rôle de pompier et pour promulguer les mesures
antiouvrières que ses
prédécesseurs (de Collor à Franco et Cardoso)
furent incapables de faire
adopter face à la résistance des travailleurs. Cependant,
quand Lula a commencé
à faire exactement ce que nous avions annoncé qu’il
ferait, une partie des
supposés « radicaux » du PT sont
entrés en rébellion. Lors du vote
sur la réforme des retraites, la sénatrice Heloisa Helena
(de l’Etat de
Alagoas) et les députés Joao Batista Oliveira
(Pará), connu comme
« Babá », Luciana Genro (Rio Grande do
Sul) et Joao Fontes (Seara)
ont refusé de suivre la ligne de la direction, conduisant
à leur expulsion en
décembre 2003.
Ensuite,
les quatre expulsés ont formé le Partido Socialismo e
Liberdade
(PSOL), fondé officiellement lors d’une réunion à
Brasilia les 5 et 6 juin
2004. D’août 2003 à la fondation du PSOL, le débat
politique dominant dans la
gauche porta sur le « nouveau parti » en cours de
formation. Chacun
voulait exploiter la popularité des expulsés et rejoindre
les lulistes déçus et
abusés. Il y a eu diverses méthodes : quand les
quatre refusèrent de se joindre
au PSTU, ce dernier changea son appel en faveur d’un nouveau parti de
gauche
pour y ajouter le qualificatif « socialiste ».
Cependant, il l’a fait
dans le cadre du Forum social brésilien, un mini front populaire
qui inclut
même des secteurs de l’Eglise. A la base, la proposition
était la même :
retourner au « PT des origines ». La tendance
pseudo-trotskyste O
Trabalho (Travail)8
rend cela
explicite avec son slogan « Récupérer le
PT », dans son bulletin, PT
das origens. En annonçant la naissance du PSOL, son
porte-parole
souligna : « Comme le PT (en 1980), le PSOL est
né sous le mot
d’ordre de ‘combattre la bourgeoisie’ et en faveur d’une réforme
agraire
massive, selon Babá » (Folha de Sao Paulo, 7
juin 2004). Mais, en
dépit de sa rhétorique antibourgeoise, le PT n’est jamais
allé au-delà des
limites de la social-démocratie, cherchant à
réformer (au lieu de renverser) le
capitalisme. Enrôlant le CST9et le MTL10,
courants
qui ont scissionné à la droite du PSTU dans les
dernières années, le PSOL
cherche à rassembler les 438 000 signatures
nécessaires pour lancer la
candidature de Heloísa Helena à la présidence en
2006.
Les quatre
stars parlementaires du nouveau parti social-démocrate, le PSOL,
lors de sa conférence de fondation en juin 2004. De gauche
à droite : la sénatrice Heloísa Helena et les
députés João Fontes, João Batista Oliveira
(Babá) et Luciana Genro.
(Photo: MES)
Ce
nouveau parti est, sans aucun doute, un autre parti
social-démocrate, se
positionnant légèrement à la gauche du PT, et est
régi par les règles du jeu parlementaire
de la bourgeoisie. C’est précisément ce genre de
« parti d’un ancien
type », électoraliste jusqu’à la moelle, dont
la classe ouvrière
brésilienne n’a pas besoin. Entraîné dans
les jeux d’influence dans les
couloirs, il sera un satellite de Lula, entreprenant des campagnes dans
le but
de faire pression sur lui (et peut-être de recruter certains des
« gauchistes » qui sont restés dans les
rangs du PT et dans
ses confortables fauteuils ministériels) au lieu de
préparer le prolétariat à
sortir victorieux d’un conflit frontal avec le gouvernement bourgeois.
C’est la
même chose pour les autres hérauts du nouveau parti
émanant du PT qui cherchent
tous, comme nous l’avons dit, un « PT bis ». Le
PSTU, par exemple, a
entrepris la formation d’un « Comité de coordination
des luttes »
(Conlutas) pour les travailleurs, les étudiants, etc. Ils
organisèrent une
manifestation à Brasilia le 16 juin 2004 pour protester contre
les réformes
universitaire et syndicale élaboré par le gouvernement de
Lula. Mais, au lieu d’engager
un dur combat à l’intérieur des organisations de masse
des travailleurs telles
que la CUT, ils essaient de former leur propre organisation avec le
même
contenu front-populiste que la CUT, qu’ils peuvent utiliser pour
manœuvrer avec
les directions de la CUT et du PT. Ils suivent fidèlement la
ligne de leur
mentor, Nahuel Moreno, dont les méthodes étaient toujours
de se présenter
lui-même comme une variante « de gauche »
de chaque mouvement
« nouveau », du général
Péron à l’ayatollah Khomeini.
Une
politique de protestations, quel que soit le nombre de drapeaux rouges,
est très éloignée d’une politique
révolutionnaire qui cherche à mobiliser la
puissance du prolétariat dans une offensive de classe. Tous ces
groupes, du
PSOL au PSTU en passant par le PCO, O Trabalho et les autres courants
à leur
gauche, appellent à « rompre avec le
FMI ». Certains veulent « abolir »
la dette extérieure,
d’autres la renégocier ou imposer un moratoire. Mais
comment ? Soit on dit
explicitement que ce sera seulement possible au travers de la
révolution
socialiste internationale, s’étendant aux centres
impérialistes – ce que ces
tiers-mondistes opportunistes ne font pas ; soit on
prétend, explicitement
ou implicitement, qu’il est possible pour un pays capitaliste de
« devenir
indépendant » et d’imposer sa
« souveraineté » dans un cadre
capitaliste – ce qui revient à mentir aux travailleurs et
travailleuses. Même
un Etat ouvrier bureaucratiquement déformé et
isolé comme Cuba subit une
pression énorme de la part du marché international et des
institutions
internationales. Il est donc nécessaire de rompre avec toutes
les variantes de
nationalisme et de s’engager sur la voie de la révolution
permanente.
Les
contradictions de la gauche opportuniste sont résumées
dans la question
agraire. Le ministre du PT pour le Développement agricole,
Miguel Rosseto, et
la sénatrice Heloísa Helena sont tous les deux membres de
la tendance
Democracia Socialista (DS) liée au Secrétariat
unifié (SU) de feu Ernest
Mandel, qui depuis plusieurs décennies se présente comme
la Quatrième
Internationale. Les appels de ces pseudo-trotskystes à une
réforme agraire
(bourgeoise) n’ont rien à voir avec la politique de Trotsky et
de sa Quatrième
Internationale, qui luttaient pour une révolution agraire
conjointement
avec la révolution prolétarienne. Même s’ils
militent aujourd’hui sous
différents sigles (PT et PSOL), ils ne peuvent offrir une
direction
révolutionnaire de lutte de classe ni aux paysans sans-terre,
qui sont
l’expression la plus visible de la misère capitaliste, ni au
puissant
prolétariat industriel brésilien, qui est pieds et poings
liés aux patrons par
le biais du front populaire. La tendance O Trabalho a lancé une
bruyante
campagne (avec pétition internationale) demandant à
Helena, à DS et au SU comment
ils pouvaient rester dans la même organisation que Rosseto, qui
dit respecter
« les manifestations des propriétaires
terriens » qui ne sont rien
d’autres que des provocations contre les paysans sans-terre. Mais O
Trabalho
lui-même est toujours affilié au PT, le même
parti que Rosseto. Le
cynisme des opportunistes mandéliens, lambertistes et
morénistes est sans
limite.
La
lutte des classes ne se limite pas au Brésil, même si
c’est le plus
grand pays d’Amérique latine. Alors que les opportunistes
appellent à rapatrier
d’Haïti les troupes brésiliennes, les
révolutionnaires luttent pour l’expulsion
des troupes d’occupation. Les travailleurs brésiliens du
transport
(spécialement ceux des aéroports et des ports) doivent
refuser d’expédier tout
chargement militaire à destination d’Haïti. Face la guerre
impérialiste
« contre la terreur », nous sommes en faveur de
la défaite des
impérialistes (en premier lieu de l’impérialisme
américain mais aussi de
ses alliés et rivaux impérialistes qui ont
récemment [juin 2004] donné leur
approbation à l’occupation sous couvert des Nations Unies) et en
faveur de la
défense de l’Afghanistan et de l’Irak par l’action
ouvrière partout dans le
monde. Alors que Lula cherche à
« ouvrir » la Chine à l’exploitation
capitaliste, nous, trotskystes,
luttons pour sa défense et pour celle des autres Etats ouvriers
déformés
restants (Corée du Nord, Vietnam, Cuba) contre la
contre-révolution, qu’elle
soit externe ou interne.
Les fronts
populaires et le
fascisme, a écrit Trotsky dans le Programme de Transition, sont
les derniers
recours de l’impérialisme face à la
« menace » de la révolution
ouvrière. Quarante ans après le coup d’Etat sanglant qui
inaugura deux
décennies de dictature militaire au Brésil, il est clair
que Lula et ses alliés
font le « sale boulot » de la bourgeoisie,
rendant superflu que de
nouveaux généraux dictateurs renversent le gouvernement
de front populaire
comme cela s’est produit au Chili et au Brésil dans le
passé. Que la poigne de
fer du capital soit montrée
ouvertement
ou soit cachée dans un gant
« démocratique », c’est la classe
ouvrière qui encaisse les coups. Pour vaincre la bourgeoisie et
ses agents, il
est nécessaire de construire un parti ouvrier
révolutionnaire comme les
bolcheviks de Lénine et de Trotsky l’ont fait. C’est la
tâche que la Liga
Quarta-Internacionalista s’est fixé en tant que section
brésilienne de la Ligue
pour la Quatrième Internationale. n
Pour contacter la Ligue
pour la Quatrième
Internationale ou ses sections, envoyez un courrier electronique
à: internationalistgroup@msn.com