janvier 2010 L’E.U. profite du tremblement de
terre pour réoccuper le pays
Haïti: Solidarité
ouvrière, oui!
Occupation impérialiste, non! Un « soldat de la paix » de la MINUSTAH surveille des livraisons de nourriture en Haïti, le 17 janvier. Nous exigeons que les forces US et de l’ONU cessent leur blocage de l’aide à la population haïtienne. Non à l'occupation impérialiste ! Militaires hors d’Haïti immédiatement ! (Photo: Win McNamee / Getty Images) Arrêtez de bloquer l’aide au peuple
haïtien – Troupes US et de l’ONU hors d’Haïti !
Maintenant,
les souffrances humaines ont été considérablement
aggravées par la
militarisation des secours et la réoccupation d’Haïti par
les États-Unis. Plus
d’une dizaine de vols organisés par des organisations
humanitaires, qui transportaient
des équipes de sauvetage, des tonnes de médicaments et
des hôpitaux de campagne
entiers, se sont vu refuser l’autorisation d’atterrir à
Port-au-Prince par les
contrôleurs aériens militaires américains qui ont
maintenant pris le contrôle de
l’aéroport. Actuellement, environ 12.000 forces spéciales
et des Marines US sont
en train de débarquer en Haïti, sous prétexte de
garantir la « sécurité ».
Et le nombre de soldats onusiens, dont la mission est
supposément le « maintien
de la paix » et qui ont occupé le pays au pour le compte
des États-Unis depuis
2004, est passé de 9.000 à 12.500. Cette énorme
occupation militaire n’est pas
destinée à acheminer l’aide, mais a le but de réprimer l’agitation
par les travailleurs et les pauvres d’Haïti. Alors que le
président
Barack Obama promette cyniquement à aider le peuple haïtien
et la presse et la
télévision sont pleins d’appels pour la collection de
fonds pour l’Haïti, la
réalité est que les forces US et de l’ONU ont
bloqué activement le secours, tout comme l’armée
américaine avait fait
après l’ouragan Katrina à Nouvelle Orléans, sous
la présidence de George W.
Bush. Derrière
cette propagande il y a un racisme à peine
déguisé. Certains réactionnaires vomissent
ouvertement ces obscénités. Le prédicateur
fondamentaliste chrétien télévisé Pat
Robertson reproche le tremblement de terre au peuple haïtien,
qu’il accuse d’avoir
fait un « pacte avec le diable » il y a plus de
deux siècles en se
débarrassant de la domination coloniale française. Les
médias bourgeois sont à
peine plus subtiles, en présentant l’Haïti d’aujourd’hui
comme un cas perdu, un
pays incapable de subvenir à lui-même ou de faire quoi que
ce soit face à cette
catastrophe. Ils attisent l’hystérie à propos du
« pillage » et des « bandes
de voleurs armés », quand en réalité
les cas de violence ont été
remarquablement peu nombreux et on arrête des
« pilleurs » pour avoir
un sac de lait en poudre. Il existait déjà des stocks
considérables de
nourriture dans des entrepôts en Haïti, mais les
militaires américains et
onusiens ainsi que les agences d’aide ont refusé de les
distribuer par peur de « émeutes ».
Et tandis que des groupes de jeunes hommes haïtiens creusaient
désespérément
avec leurs mains nues pour essayer de dégager les survivants des
décombres des écoles
écroulés, le peu d’équipement lourd disponible sur
place a été surtout déployé
pour le sauvetage des étrangers et des fonctionnaires de l’ONU
dans les hôtels
d’élite.
Soldat américain de la 82e Division Aéroportée expulse des Haïtiens du Hôpital Général de Port-au-Prince, le 19 janvier. (Photo: Ariana Cubillos / AP) La vaste
campagne médiatique est une guerre de propagande pour
embellir l’image de
l’impérialisme américain. Alors que Obama
intensifie la guerre sur l’Afghanistan,
l’Irak et maintenant au Pakistan, en tuant des dizaines d’enfants
afghans,
Haïti servirait pour montrer que les États-Unis est
sensible pour les
souffrances de la population. Ce thème est renforcé par
l’hypocrisie des
rapports journalistiques sélectifs. Pendant que des
professionnels de la santé
qui se sont précipités à Haïti se sont
plaints qu’il n’y avait pas de stocks médicaux
disponibles, il n’y avait presque nulle mention des plus de 400
médecins
cubains déjà en Haïti, avec plusieurs centaines de
médecins haïtiens formés
dans les écoles médicales cubaines, et qu’ils avaient
monté trois hôpitaux de
campagne en moins d’une journée. Mais le constat fondamental,
c’est que l’énorme
hypocrisie, la déformation journalistique et l’humanitarisme
bidon est utilisé
pour masquer une nouvelle occupation américaine
d’Haïti. Évidemment, les
besoins des masses haïtiennes sont tellement urgents qu’ils
accepteraient l’aide
de n’importe quelle source. En outre, le gouvernement haïtien du
président
fantoche René Préval, à peine fonctionnel en temps
normal, a pratiquement
disparu. Pourtant, il y a une énorme inquiétude sur ce
que les forces
américaines vont faire. Quand des éléments de la
82e Division Aéroportée marcha
à l’Hôpital Général, des foules regardaient
sceptiques, et dès que les soldats
sont arrivés, ils ont commencé à forcer les
Haïtiens à abandonner le bâtiment.
Washington se prépare à déclarer Haïti un
« État failli », comme la
Somalie, et d’appeler à une sorte de protectorat international,
peut-être sous
les auspices des Nations Unies. La « Mission des Nations
Unies pour la Stabilisation
d’Haïti » (MINUSTAH), mise en place après que
les forces américaines,
françaises et canadiennes ont évincé le
président Jean-Bertrand Aristide en
2004, était déjà une occupation américaine
utilisant des troupes brésiliennes
et d’autres pays latino-américains comme des mercenaires.
Maintenant, Obama a
apparemment décidé d’assumer un contrôle plus
direct. A l’encontre
de la folie médiatique, il faut dénoncer clairement l’occupation
impérialiste de Haïti et exiger la
retraite de toutes les forces
US et de l’ONU ! À ceux qui craignent que cela
reviendrait à couper l’aide
au peuple souffrant d’Haïti, on devra souligner que l’armée
américaine n’est
pas là pour acheminer l’aide humanitaire. On n’a pas besoin des
destroyers et
croiseurs lance-missiles de la Marine de guerre et des troupes de
combat
recyclés de l’Irak pour fournir soit du matériel
médical soit de l’alimentation.
Et en fait, pendant plus d’une semaine, le gouvernement
américain n’avait
fourni aucune aide que ce soit. Toutes les
équipes de secours,
médecins, médicaments, eau et nourriture ont
été fournis soit par des agences
et groupes bénévoles américains et internationaux
ou par d’autres pays, ou ils
étaient directement bloqués par les Etats-Unis. Pourtant,
chaque jour 25.000
personnes meurent à cause du manque de soins médicaux,
selon un porte-parole de
Partners in Health, organisation basé à Boston
(É.U.) qui a fourni des services
médicaux en Haïti depuis des années. Aux
États-Unis, les divers groupes réformistes demandent l’un
ou l’autre version de
l’« aide, pas occupation », exactement comme dans
« mouvement pour
la paix » elles appellent pour des « emplois au
lieu de la guerre ».
Ils veulent changer les priorités du gouvernement, et
non pas lutter
contre le système impérialiste. Certes, il est
nécessaire de s’opposer à l’occupation,
et les masses haïtiennes ont désespérément
besoin d’aide. Mais appeler au gouvernement
américain, de façon implicite (comme le fait la
International Socialist
Organization [ISO], de tendance sociale-démocrate) ou
explicitement (dans le
cas des staliniens maoïstes du Revolutionary Communist Party
[RCP]) à fournir
cette aide ne peut que nourrir des illusions dangereuses. Le RCP a
écrit que « Le
gouvernement américain doit immédiatement concentrer ses
ressources pour
acheminer les aides directement à la population
haïtienne » (déclaration
du 13 janvier). Ce n’est pas seulement les forces militaires
américaines qui
sont impliqués dans l’imposition de la tutelle
impérialiste. L’« aide »
des ÉU / ONU / FMI, etc., que ce soit sous la forme de
prêts ou de subventions,
vient toujours avec toute une gamme de conditions. En plaçant la
distribution
des provisions de première nécessité dans les
mains d’organismes extérieurs,
elles empêchent la population haïtienne d’organiser sa
propre capacité de réponse.
Nous exigeons
que les Etats-Unis, ONU, Croix-Rouge et d’autres agences
impérialistes arrêtent
de bloque l’aide de parvenir au peuple haïtien. Bien que
Obama a
annoncé que les Haïtiens déjà présents
aux États-Unis seront éligibles au
Statut de Protection Temporaire, le gouvernement américain
menace toujours de
retourner tout Haïtien pris dans une barque à destination
des Etats-Unis. Il ne
permet même pas l’entrée au pays pour le traitement de
nombreuses victimes du
séisme qui ont besoin de soins médicaux intensifs. Ainsi,
nous exigeons que les
Etats-Unis s’arrête de refuser l’entrée aux
réfugiés haïtiens, en
même temps que nous nous battons pour les pleins droits de
citoyenneté
pour tous les immigrés. Au delà de la
revendication de la retraite de toutes
les forces militaires américaines, nous nous opposons
à toute mesure qui
subjugue Haïti à la domination économique
impérialiste. C’est
le cas des fameux « programmes d’ajustement
structurel »
imposées par la Banque mondiale et l’USAID qui ont conduit
à la destruction de
l’agriculture haïtienne et de la privatisation en gros des
entreprises
d’utilité publique propriété
de l’État. Nous soulignons également que le
déploiement militaire américain constitue une menace pour
Cuba, distant à
seulement 77 km d’Haïti, où les États-Unis
maintiennent une prison-torture. Nous
défendons
Cuba, un État ouvrier (bureaucratiquement
déformé), contre l’impérialisme
et la contre-révolution, et nous demandons que les Etats-Unis
rendent la base
navale de Guantánamo à Cuba. La Révolution
Haïtienne de 1791-1804 a inspiré les révoltes
d’esclaves aux États-Unis, y
inclus de Denmark Vesey et Nat Turner, et a servi comme un phare de la
libération
des Noirs opprimés dans les Antilles et l’Amérique du
Sud. Le dirigeant
révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture, à la
tête d’une armée d’anciens
esclaves, a réussi à vaincre trois puissances coloniales:
le français, l’espagnol
et britannique. Ceci a épouvanté les capitalistes, qui
ont mis en quarantaine la
république noire pendant des décennies. Les Etats-Unis
ont imposé l’occupation
militaire sur Haïti de 1915 à 1934, et ont envoyé
les Marines en 1994 (sous
Bill Clinton, pour mettre Aristide dans le siège
présidentiel comme l’homme de
Washington à Port-au-Prince) et de nouveau en 2004 (sous Bush,
afin d’évincer
Aristide). L’envoi de milliers de troupes américaines par
Obama constitue une
nouvelle invasion américaine d’Haïti, sous le couvert de
fournir l’aide « humanitaire ».
Pour le symboliser, il a invité deux anciens présidents
américains à la Maison
Blanche pour annoncer le « Fonds Haïti Clinton
Bush », dont le nom
est déjà une obscénité. Le séisme était
une catastrophe naturelle, mais le bilan épouvantable des morts
et la destruction
monumentale ont été causés par le capitalisme
et l’impérialisme. Comme
l’avait noté le prisonnier de la guerre des classes Mumia
Abu-Jamal, dans un
message du couloir de la mort en Pennsylvanie, les médias se
réfèrent sans
cesse à Haïti comme le pays le plus pauvre de
l’hémisphère, mais ils ne disent
jamais comment il est arrivé à cette condition. L’une des
raisons pourquoi il y
a eu des destructions tellement massives est que quelque 2 millions
d’Haïtiens
vivent dans des bidonvilles qui entourent la capitale où leurs
habitations
fragiles ne peuvent guère résister aux ouragans, et
encore moins un tremblement
de terre 7.0 degrés sur l’échelle Richter. Beaucoup de
ces pauvres urbains
étaient autrefois des paysans, qui furent expulsés de
leurs terres par
l’effondrement des prix agricoles à la suite des politiques de
« libre-échange » instrumentalisées
par les É.U. Au 19e siècle,
les anciens maîtres coloniaux français demandaient que
Haïti devait payer une
rançon d’un montant de 150 millions de francs-or (ce qui
équivaudrait 21
milliards de dollars d’aujourd’hui) comme
« indemnisation » pour son
indépendance. Depuis lors, quand les Etats-Unis n’occupaient
directement Haïti,
ils ont utilisé des gouvernements fantoches comme le tristement
célèbre
dynastie des Duvalier (« Papa Doc » et
« Baby Doc »), qui
régnait de 1957 à 1986. Même l’ancien prêtre
de théologie de libération
Aristide avait scrupuleusement appliqué les diktats de
Washington. Les forces
réactionnaires impérialistes telles que la Fondation
Heritage voient dans le
tremblement de terre une « opportunité »
d’imposer de nouvelles
contraintes sur Haïti. Cependant, pour ceux qui luttent contre
l’impérialisme,
la mobilisation populaire pour sauver les victimes du tremblement de
terre,
d’organiser des camps de tentes des survivants et distribuer l’aide
peut servir
de base pour la seule véritable solution aux difficultés
que connaît Haïti: la
révolution socialiste internationale. Au Mexique,
après le séisme de
1985, des dizaines de milliers de travailleurs qui habitent à
Mexico et qui ont
perdu leur logement se sont organisés de manière
indépendante et contre le
gouvernement dont les soldats les ont empêchés de secourir
leurs voisins et
parents. Mais la question de la direction était la clé,
et les diverses groupes
se réclamant du socialisme qui ont pris en charge les organismes
de défense des
sinistrés par le tremblement de terre les ont transformés
en agences pour
canaliser les fonds d’assistance sociale du gouvernement, gaspillant
ainsi
l’occasion pour une mobilisation révolutionnaire. L’Internationalist
Group à la manifestation convoquée par le Comité
d’Urgence Bien que Haïti est effectivement un
pays d’une pauvreté terrifiante, elle possède, en plus
des habitants de bidonvilles
et des paysans, une classe ouvrière, en grande partie
employée dans des fabriques
qui produisent directement pour le marché américain.
Pendant l’été de 2009, ces
travailleurs ont mené une âpre bataille qui cherchent
à augmenter le salaire
minimum à la somme plus que modeste de 5 $ par jour (voir
« Haïti: Battle
Over Starvation Wages and Neocolonial Occupation », dans The
Internationalist No. 30, novembre-décembre 2009). Ce prolétariat petit mais combatif peut
se
placer à la tête des masses des pauvres urbaines et
rurales en cherchant à
organiser leur propre pouvoir, en particulier aujourd’hui où
l’appareil de
l’Etat capitaliste est largement entériné sous les
décombres, en plus de quelques
bandes de policiers maraudeurs, parmi eux de nombreux anciens membres
des
escadrons de la mort. La clé, c’est de forger le noyau d’un parti
ouvrier
révolutionnaire qui peut mener une lutte
internationaliste contre l’impérialisme
et ses valets capitalistes locaux, qui lutte pour un gouvernement
ouvrier et
paysan pour exproprier la bourgeoisie, et qui appelle à la
formation d’une
fédération socialiste volontaire des Antilles et pour
étendre la révolution au centre
impérialiste de l’Amérique du Nord. ■
Pour contacter la Ligue
pour la Quatrième
Internationale ou ses sections, envoyez un courriel electronique
à:
internationalistgroup@msn.com
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