– version abrégée de l’article
en anglais publié dans The Internationalist No. 11, été
2001
Derrière les bavardages sur d’inexistants cessez-le-feu, les
voyages éclairs de hauts émissaires américains au
Proche-Orient et les appels à « écarter » (assassiner)
Yasser Arafat, se cache la préparation systématique par les
dirigeants sionistes d’une attaque d’envergure contre l’Autorité
palestinienne (AP) d’Arafat. Après l’éclatement de la seconde
intifada (soulèvement) en septembre 2000, les dirigeants
israéliens de tous les partis ont conclu qu’il n’y avait aucune
raison de maintenir la fiction de l’autonomie palestinienne. Si le «
processus de paix » d’Oslo est mort, beaucoup de gens posent la question
: Qu’est-ce qui va le remplacer ? La réponse est : la guerre, plus
exactement une guerre d’expansion pour démembrer les « Territoires
», annexer une fois pour toutes de grandes parties de la «
Judée » et de la « Samarie » et démanteler
l’AP, dont l’utilité pour les sionistes a vécu.
Pour mener à bien cette offensive en faveur d’un «
Grand Israël », ces dirigeants ont fait élire le criminel
de guerre Sharon, le général dont la spécialité
est de mettre devant les « faits accomplis ». Ce « roi
Arik », comme ses partisans l’appellent, n’a pas été
mis
en place pour négocier quoi que ce soit. Les attaques contre la
population arabe s’intensifient ; les Forces de «défense »
israéliennes assiègent chaque ville et chaque bourg palestiniens,
les encerclant avec des barbelés et des chars. Les colons fascisants
déchaînent les assauts contre les Palestiniens et établissent
des « postes avancés » sur les collines de Cisjordanie.
Le « bloc de paix » sioniste a fondu dans l’insignifiance,
et les cris bellicistes du cabinet Sharon (dans lequel se retrouvent presque
tous les partis) deviennent de plus en plus bruyants. La presse israélienne
abonde en références sur une « deuxième guerre
d’indépendance », en partie pour affermir la loyauté
des immigrés russes qui n’ont pas vécu la première
guerre de 1948.
Le chef des services secrets de l’armée, le général
Malka, et d’autres hauts fonctionnaires expliquent ouvertement qu’ils ont
Arafat dans le collimateur. Le président de l’AP « a rempli
sa mission historique », dit le ministre de la Défense «
travailliste » Ben-Eliezer. Dans le même numéro du quotidien
Ha’aretz du 8 juin, le journaliste Doron Rosenblum écrit : «
La vérité c’est que tous sont d’accord ici qu’une attaque
terroriste massive perpétrée par un seul individu – à
l’échelle du massacre du Dolphi-Disco – constitue une cause presque
automatique pour mettre en marche des unités de blindés et
d’infanterie et pour lancer les forces aériennes à la conquête
du territoire : en somme, une guerre qui pourrait devenir une conflagration
régionale générale. »
Il n’y a pas que les réactionnaires du cabinet Sharon qui appellent
bruyamment à « lâcher la bride » aux militaires.
Après un attentat-suicide, le 1er juin, la soi-disant « colombe
» du Parti « travailliste », Shimon Peres, a approuvé
le bombardement des bâtiments de l’AP par les chasseurs F-16 livrés
par les USA. Washington a envoyé précipitamment le chef de
la CIA Tenet et le ministre des Affaires étrangères Colin
Powell pour calmer le jeu. Mais le cessez-le-feu qu’ils ont négocié
a duré le temps du vol retour de Powell, le 30 juin. Le jour suivant,
des soldats israéliens ont abattu deux dirigeants du groupe islamiste
Hamas dans le but de torpiller le cessez-le-feu.
La question des colons en Cisjordanie est une question clé. Israël,
l’AP et l’administration Bush ont tous approuvé un rapport du sénateur
US Mitchell qui propose de geler la construction de nouvelles colonies
dans le but d’arrêter les manifestations palestiniennes. Mais Sharon
s’est moqué même de cette proposition bidon en autorisant
700 unités de nouveaux logements en Cisjordanie, en plus des 6000
déjà en construction.
Les colons doivent être chassés de Cisjordanie par des
actions combatives de la population palestinienne opprimée. De telles
actions pourraient rencontrer un soutien considérable parmi les
travailleurs hébraïques. Beaucoup d’entre eux méprisent
ces fanatiques religieux et terroristes racistes qui brandissent des mitraillettes
Uzi. Pour beaucoup d’Israéliens, les colons représentent
un avenir de forteresse assiégée et de guerres sans fin avec
les pays voisins et les populations soumises. Il n’y a pas eu de manifestations
de sympathie quand Benjamin Kahane, le dirigeant du groupe fasciste Kach,
fut tué en Cisjordanie. Bon débarras, se disaient beaucoup
de gens – et avec raison.
Les groupes terroristes sionistes se développent et bénéficient
du soutien tacite, et parfois même de la participation directe de
l’Etat. Les groupes fascistes sont composés de réservistes
; ils reçoivent un entraînement et des armes de la police
et l’armée. A la suite de l’attentat du Dolphi-Disco en juin, un
de leurs partisans a bien exprimé leur mentalité hitlérienne
en disant : « Les terroristes doivent être détruits,
tout comme les nazis ont détruit les Juifs. »
Femme
de Gaza devant les restes de sa maison détruite par les tanques
israéliens. (Photo: Reuters)
Cet attentat à la bombe a fauché de façon indiscriminée
de jeunes Israéliens qui fréquentaient cette boîte.
Cela exprime la perspective des intégristes islamiques ; pour eux,
n’importe quel Juif est une cible militaire et un ennemi qui doit être
chassé de Palestine. Les nationalistes palestiniens laïcs ont
aussi commis des attentats à la bombe indiscriminés, et un
grand pourcentage de la population arabe, poussée au désespoir
par l’occupation israélienne, approuve les « actes de martyre
». De tels actes contre les cibles civiles ne font qu’aider la campagne
des dirigeants israéliens pour cimenter une « unité
nationale » sioniste monolithique. Il faut gagner les ouvriers israéliens,
aussi bien les hébraïques que les arabes, à la défense
du peuple palestinien et chercher à faire scissionner l’Israël
sioniste, déjà fissuré, en avançant un programme
internationaliste de lutte de classe.
Partout dans le monde, les ouvriers qui ont une conscience de classe
doivent défendre le peuple palestinien contre les oppresseurs sionistes,
et plus encore dans une véritable guerre. Il faut préparer
dès aujourd’hui la mobilisation de la puissance de la classe
ouvrière contre les alliés impérialistes d’Israël.
L’idée que les chefs de l’OTAN, qui ont bombardé Belgrade
et Bagdad, puissent ou veuillent d’une manière ou d’une autre faire
pression sur les bellicistes israéliens pour que ces derniers fassent
des concessions est une dangereuse illusion. Les appels aux « observateurs
» de l’ONU ou de l’Union européenne sont plus qu’inutiles.
Ils observeront l’expansion israélienne en bonne et due forme, comme
les « casques bleus » de l’ONU et les policiers de l’Union
européenne l’ont fait au Liban et à Hébron. Si les
« hommes d’Etat » européens et la bande à Bush
à Washington peuvent objecter à telle ou telle provocation
du gang Sharon, ils sont néanmoins tous complices dans l'assujettissement
des Palestiniens qui se fait au travers du « processus de paix »
bidon. Ils ont aussi livré des milliards de dollars en armements
utilisés à mutiler et à assassiner des manifestants
arabes sans défense, principalement des enfants.
La défense de la population palestinienne assiégée
demande une lutte internationaliste contre tous les gouvernements capitalistes,
les impérialistes « démocratiques » et leurs
satrapes semi-coloniaux. Cela veut dire surtout une lutte pour faire éclater
Israël de l’intérieur, pour que les travailleurs hébraïques
rompent avec le sionisme et se joignent à leurs frères et
sœurs de classe palestiniens dans une lutte commune pour la révolution
prolétarienne. |