L’article reproduit ci-dessous
est la traduction d’un tract du Grupo
Internacionalista, la section mexicaine de la Ligue pour la
Quatrième
internationale. Il fut
distribué à
Oaxaca où 300 000 personnes ont manifesté le 16 juin pour
protester contre l’attaque
policière sanglante dont furent
victimes les enseignants en grève deux jours plus tôt.
16 juin – Deux semaines avant les
élections
présidentielles mexicaines, l’administration d’Oaxaca
dirigée par le gouverneur
Ulises Ruiz du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) a
monté une
provocation flagrante, évacuant violemment les enseignants
qui occupaient
le centre-ville de la capitale de l’Etat. De façon classique,
comme au temps
des dictatures militaires, des milliers de flics de la
municipalité et de
l’Etat se sont attaqués aux enseignants pendant qu’ils dormaient
dans les 53
rues qui leur servaient de campement depuis trois semaines. Tirant dans
toutes
les directions des grenades lacrymogènes, les flics ont envahi
le siège du
syndicat, détruit les tentes des enseignants et
brûlé tout ce qui restait du
campement. Mais le gouvernement a seulement réussi à
mobiliser les enseignants,
et l’évacuation échoua. Après trois heures de
bataille rangée, les 40 000
grévistes sont parvenus à forcer les barrages de police
et chasser les forces
de répression.
Dans la grande confusion
régnant en ville,
circulèrent des informations qui indiquèrent que
plusieurs personnes furent
tuées : un premier rapport de la Croix rouge mexicaine
parlait d’onze
morts, un nombre réduit plus tard à quatre, selon des
porte-parole enseignants
et le quotidien d’Oaxaca Noticias. La question manque toujours
de
précision. Ce qui est sûr, c’est que les hôpitaux de
la sécurité sociale ont
traité 92 personnes blessées pendant l’assaut, dont
plusieurs dans un état
grave. En outre, un certain nombre d’enseignants sont toujours
portés disparus.
Bref, le sang des travailleurs a coulé dans les rues d’Oaxaca.
C’était un
véritable massacre – le troisième en moins de deux mois.
Il survient après la
fusillade du 20 avril contre les ouvriers de l’usine
sidérurgique de Sicartsa,
dans la ville côtière de Lázaro Cárdenas,
Michoacán, sur le Pacifique ; et
après l’attaque mortelle, le 4 mai, contre les habitants de San
Salvador
Atenco, près de Mexico. Dans la compétition
électorale [pour le scrutin du 2
juillet], chacun des trois principaux partis bourgeois se
présente comme étant
le plus inflexible sur la question de la
« sécurité ». En fait, le PAN
(Parti d’action nationale), le PRI et
le PRD (Parti de la révolution démocratique) ont tous
trois envoyé des flics
tueurs contre les travailleurs. C’est ainsi que la classe dirigeante
mexicaine
prépare sa farce électorale, trempée du sang des
ouvriers.
Après que son
opération paramilitaire eut échoué,
et confronté à la colère ouvrière au niveau
national et international, le gouverneur
Ruiz a dû reculer. Il a libéré
dix grévistes et suspendu (mais non pas annulé) les
mandats d’arrêt délivrés
contre 25 dirigeants du syndicat enseignant. Le gouvernement
fédéral du
président Vicente Fox est intervenu et le ministère de
l’Intérieur (dont le
chef est le réactionnaire Carlos Abascal) a envoyé un
sous-secrétaire comme
médiateur. Ils ont laissé entendre tout à coup
qu’ils pourraient trouver des
fonds fédéraux pour payer le
« reclassement » des enseignants, ce qui
permettrait une augmentation minimale de leurs salaires de
misère. Mais la
question ne sera pas réglée avec un
« dialogue » de table ronde.
Cette bataille n’est pas terminée, et toute
« trêve » pourrait être
fatale. Bien qu’ils se soient retirés du centre-ville, les
grévistes n’ont pas
abandonné leur occupation de masse, et ils exigent maintenant la
tête du
gouverneur responsable de la répression. Le syndicat a
appelé à ne voter pour
aucun des trois candidats présidentiels et propose de boycotter
les élections
du 2 juillet – et les grévistes ont la capacité de les
perturber, au moins au
niveau de l’Etat.
Ce qu’il faut aujourd’hui, et de
façon urgente, c’est
de sortir du cadre d’un seul Etat et de lancer une grève
nationale contre
ce gouvernement assassin, en luttant pour la victoire des
grèves des
enseignants d’Oaxaca et des mineurs ; pour l’indépendance
totale des
syndicats ouvriers par rapport à la bourgeoisie, en
brisant la camisole
de force des faux « syndicats » corporatistes et
en battant en brèche
l’attaque gouvernementale contre les mineurs et les
métallurgistes ; pour la
libération et l’arrêt des poursuites contre les ouvriers,
les paysans et les enseignants
emprisonnés, victimes de l’assaut répressif de la classe
dominante. Surtout, ce
qui est indispensable, c’est une réponse politique à
l’offensive de classe de
la bourgeoisie, en refusant de donner une seule voix au PAN, au PRI, au
PRD et
aux autres partis bourgeois, en rompant avec le front populaire qui lie
les
syndicats « indépendants » au candidat du
PRD, Andrés Manuel López
Obrador, et en forgeant le noyau d’un parti ouvrier
révolutionnaire qui
combattrait pour un gouvernement ouvrier et paysan, ouvrant ainsi la
voie à la
révolution socialiste internationale.
Enseignants,
mineurs et paysans face à l’assaut capitaliste
Les
enseignants (au fond) font face aux forces de police après
l’évacuation, le 14 juin.
(Photo: Indymedia
México)
Il est frappant, que durant chacun
des massacres
récents, les ouvriers attaqués aient
résisté de façon tenace à la
répression et
aient mis les forces de l’ordre en déroute. A Lázaro
Cárdenas, ils ont repris
l’aciérie de Sicartsa après une dure bataille contre la
police et les fusiliers
marins. (Il semble maintenant que le gouvernement Fox veuille essayer
de faire
le même genre d’action dans la ville minière de Cananea (Sonora), près de la frontière
avec l’Arizona, où les mineurs de cuivre ont
débrayé quand il leur fut ordonné
de travailler le jour du centenaire de la grande grève qui
précédait la
Révolution mexicaine de 1910-17.) A Atenco, des centaines de
policiers de
l’Etat du Mexique se sont sauvés devant la fureur de la
population exaspérée
par l’arrestation de quelques vendeurs de fleurs. Et maintenant,
à Oaxaca, les
chiens de garde du capital en uniforme ont reçu une
réponse foudroyante de
ceux-là mêmes qu’ils avaient cherché à
écraser.
Tout a commencé par une
opération silencieuse tôt
le matin du 14 juin. A 4h50, le secrétaire général
du syndicat, Enrique Rueda
Pacheco, a donné l’alarme au moyen de Radio Plantón (la
« radio
occupation », qui est la station radio des
grévistes), invitant la base à
se préparer à « la résistance
organisée contre la répression que le
gouvernement de l’Etat a lancée de façon
irrationnelle ». A 5h15, la
police a occupé l’Hôtel des enseignants (le quartier
général du syndicat), à
quelques rues du centre-ville, et elle a ensuite marché sur le
Zócalo, la place
centrale d’Oaxaca. Entourée des nuages épais du gaz
lacrymogène lancé par les
troupes terrestres terre et depuis un hélicoptère ayant
survolé la place
pendant des heures, la police a « repris » la
Plaza de Armas et
l’Alameda pour un moment. Fusils et matraques à la main, ils ont
pillé et brûlé
le campement des enseignants, démantelé
l’équipement de transmission de Radio
Plantón, et sauvagement frappé tous les enseignants qui
leur sont tombés sous
la main.
Mais ce qui s’est produit
après ne faisait
certainement pas partie du plan opérationnel. Tandis que le
gouverneur aux
mains ensanglantées essayait de cacher ses crimes
derrière son propre nuage de
gaz hilarant verbal, parlant d’un « Etat du
droit » de fantaisie, Excélsior
(15 juin) relatait en première page comment les enseignants ont
« mis la
police en fuite ». Le quotidien Noticias d’Oaxaca a
décrit comment
les enseignants ont utilisé des autobus pour forcer les barrages
de police :
« Autour de 7h45,
presque
tous les 40000 enseignants se sont regroupés et ont
commencé à acculer la
police qui, en l’espace de quelques minutes, a été
obligée de se retirer de
l’Alameda de León et du Zócalo, à cause d’un
manque de munitions, principalement
de grenades lacrymogènes. Un hélicoptère de la
police des opérations spéciales
a tournoyé au-dessus du centre-ville historique et lancé
des grenades à
plusieurs reprises, mais il ne fut néanmoins pas en mesure de
venir à bout des
enseignants. ... »
« Autour de 8h50, les
travailleurs de l’éducation se comptaient par milliers et
engagèrent la
bataille finale. La police a été obligée de se
retirer et d’abandonner le
Zócalo, battant en retraite le long de la rue de Bustamante,
après avoir essayé
de se défendre. »
Tout au long de la journée,
les autorités
fédérales ainsi que celles de l’Etat ont menacé
d’une nouvelle attaque de la
police préventive fédérale (PFP). On a
signalé que des avions de transport de
troupes de type Hercule remplis de policiers paramilitaires ont
été dirigés sur
Oaxaca pour « finir le boulot ». Le gouverneur a
voulu
« nettoyer » le Zócalo pour
« aider le tourisme » et
satisfaire les demandes de l’association patronale, la Coparmex, de
chasser
définitivement cette « racaille »
d’enseignants en lutte pour une
augmentation de salaire. Ruiz a prétendu avoir l’appui du
gouvernement fédéral,
mais apparemment le bureau du président en a
décidé autrement. Le ministre de
l’Intérieur Abascal a annoncé plus tard qu’il serait
préférable de ne pas tenter
une nouvelle évacuation. Le gouvernement fédéral a
fait un calcul électoral et
a pris la décision de laisser le gouverneur du PRI se
débrouiller seul.
L’histoire du
SNTE et de la CNTE : les enseignants d’Oaxaca dans l’œil du cyclone
Face à la répression
anti-ouvrière tous azimuts,
ce qu’il faut c’est une direction qui se base sur un programme de lutte
de
classe et se lance dans une bataille jusqu’au bout contre le
gouvernement
capitaliste. En premier lieu, il est nécessaire de briser le
carcan du « syndicalisme »
corporatiste (représenté par la CTM, CROC, CROM, CT, SNTE
et des fédérations
annexes) qui pendant plus d’un demi-siècle, à
l’époque où le PRI était au
pouvoir, a servi de police du travail au régime afin de
réprimer les ouvriers
mexicains, briser leurs grèves et assassiner massivement leurs
meilleurs
combattants. Aujourd’hui, les bureaucrates corporatistes offrent leurs
services
au gouvernement Fox, bien qu’ils aient de temps en temps déplu
à leur parrain
pour s’être trouvés coincés entre un
prolétariat en colère et un régime pourri
aux abois. C’est ce qui est arrivé au chef des mineurs
Napoleón Gómez Urrutia
(« Napito ») après le « meurtre
industriel » de Pasta de
Conchos1
dans lequel le syndicat corporatiste des mineurs et
métallurgistes était
complice, de même que la société et l’Etat
capitaliste.
La police
détruit le campement des enseignants et brûle ce qu’il en
reste. (Photo: Indymedia
México)
Les effets de la
« corporatisation » du
mouvement ouvrier au Mexique se font encore ressentir. Le syndicat de
l’Education nationale (SNTE), sous son caudillo (homme fort)
Carlos
Jonguitud, a servi pendant des décennies d’instrument politique
du PRI (dont il
était partie intégrante) pour dominer les secteurs ruraux
du pays. Quand le
mécontentement suscité par son règne autoritaire a
éclaté au grand jour,
Jonguitud fut remplacé par l’actuelle « dirigeante
morale » du SNTE,
Elba Esther Gordillo, personnellement choisie par le président
du PRI Carlos
Salinas de Gortari. Elle fut nommée présidente du
syndicat lors d’une réunion
qui s’est tenue aux aurores à la Gobernación
(ministère de l’Intérieur). Le
SNTE a maintenu son contrôle sur les enseignants par la terreur
interne, avec
des bandes d’hommes armés à sa solde dont la tâche
était d’« écraser »
tous les dissidents. Jonguitud et Gordillo sont responsables de
l’assassinat de
plus de 150 membres de leur « syndicat ». Quand
une organisation
ouvrière s’engage dans le meurtre de masse de ses propres
membres, se consacre
au brisage des grèves et non plus simplement à leur
trahison (comme le font
régulièrement les bureaucrates réformistes), quand
elle fait partie de tout un
appareil répressif, alors ce n’est plus un syndicat, mais un
appareil étatique
pour le contrôle du monde du travail.
Les enseignants d’Oaxaca se sont
révoltés en
particulier contre cet appareil répressif, jouant un rôle
clé au sein de la
Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE),
une tendance
syndicale qui agit dans une grande partie du pays en tant que structure
séparée.
C’est le cas dans l’Etat d’Oaxaca, où la CNTE dirige la section
22 du SNTE.
Bien que le PRI ne tienne plus la présidence du pays, les
appareils
corporatistes continuent d’offrir leurs services au gouvernement
fédéral, qui
est maintenant entre les mains du PAN. Ainsi, le secrétaire
général du SNTE,
Rafaël Ochoa, a déclaré que le SNTE se dissocie des
enseignants d’Oaxaca en
lutte. Sur le même ton que le secrétaire à
l’éducation de Fox, il a
demandé : « Qui fournit l’argent pour financer
le mouvement [de grève] »
? (La Jornada, 6 juin). Même après le massacre du
14 juin, Ochoa a
insisté sur le fait que « les enseignants en lutte
appartiennent à la
Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) et
pas à son
syndicat » (Noticias [Oaxaca], 15 juin). Les chefs du SNTE
aspirent à
mettre un terme à la combativité des enseignants d’Oaxaca
et n’hésiteraient pas
un seul instant à inviter la police à agir contre la
CNTE, comme ils l’ont fait
à Mexico.
Mais la rupture avec la domination
du corporatisme
sur les ouvriers mexicains est loin d’être suffisante. Il est
également
nécessaire de libérer le prolétariat des liens
politiques qui l’attachent à la
classe dirigeante par l’intermédiaire des directions
pro-capitalistes des
syndicats « indépendants », qui sont
subordonnés au PRD (parmi eux,
les principaux dirigeants de la CNTE). Ce sont surtout des bureaucrates
syndicaux pro-PRD qui font obstacle à l’action commune du
prolétariat à
l’échelle nationale contre la répression (proposant
à la place le simulacre d’un
arrêt de travail de trois heures au niveau
fédéral). Ils ne veulent pas poser
de problèmes aux candidats du PRD et en particulier à son
candidat
présidentiel, López Obrador, qui réclame le
« dialogue » avec les
bouchers (c’est-à-dire que les professeurs, les mineurs, les
paysans, etc. se
rendent).
Massacres et
élections : Beaucoup de bâton, peu de carotte
Le mandat électoral de six
ans de Vicente Fox
touche à sa fin, pendant que la répression de masse
s’abat sur les travailleurs
des campagnes et des villes. La victoire de Fox aux élections de
2000 a été vue
comme la fin de la « parfaite dictature» du PRI
et était ardemment
désirée. Mais la fin du régime du PRI, du
gouvernement dirigé par un parti Etat
et son remplacement par un ménage à trois PAN-PRI-PRD ont
seulement apporté
plus de répression, ce qui aide à dissiper beaucoup
d’illusions démocratiques.
Peu importe de savoir qui sera le vainqueur des élections du 2
juillet puisque
le sang des ouvriers continuera à couler jusqu’à ce que
l’horrible dynastie
capitaliste régnante au Mexique soit balayée une fois
pour toutes.
En
fait, la chaîne des massacres policiers est étroitement
liée aux élections. Le
PRI, le PAN et le PRD se sont totalement investis dans le cirque
électoral et
s’attaquent mutuellement sur tous les sujets. Le thème principal
de leurs
campagnes est « l’insécurité ». Les
candidats bourgeois rivalisent
pour être le plus efficace dans la répression afin de
garantir au mieux les
affaires du capital. Felipe Caldeón du PAN promet une
« main ferme »
; Roberto Madrazo du PRI dit qu’il « sait le
faire » ; et López
Obrador propose d’offrir une toute petite carotte avec le bâton.
Jusqu’ici, le
trio des partis de l’ « alternance »
pseudo-démocratique n’a pas
hésité un instant à se liguer ensemble quand il
s’agit de répression. A
Sicartsa, c’était une action commune de la police municipale
(PRI), de la
police de l’Etat (PRD) et de la police
fédérale (PAN). A Atenco, la répression a
été ordonnée par un maire du PRD et
le gouverneur du PRI, soutenu par le gouvernement fédéral
du PAN. Ils ont
abattu Javier Cortés, âgé de 14 ans, et Alexis
Benhumea, un étudiant de
l’Université nationale, décédé la semaine
dernière après plus d’un mois dans le
coma. Le bilan mortel à Oaxaca n’est pas encore connu.
Les enseignants d’Oaxaca de la
section 22 savent
aussi que « le PRI, le PAN et le PRD, c’est la même
chose » comme le
disait la semaine dernière un enseignant dans une
assemblée de grévistes
pendant l’occupation. Il a poursuivi : « Ils tuent
d’abord les
ouvriers de Sicartsa à Michoacán, puis deux jeunes
à Atenco. C’est le travail
des mêmes salauds. Le PRI, la PAN et le PRD sont, tous,
trois partis de
riches. Nous appelons à ne pas voter pour un seul d’entre eux ;
ce que nous
devons faire, c’est boycotter les élections du 2
juillet. » Sa conclusion
est correcte, mais insuffisante. Une politique négative et
passive n’est pas
assez. Face à l’assaut répressif du régime
capitaliste, nous devons construire
le véhicule indispensable pour engager une lutte politique
contre la
bourgeoisie : un parti ouvrier révolutionnaire.
Celui-ci doit être un parti
léniniste
d’avant-garde ; un parti de lutte de classe, qui indique le chemin et
mobilise
les travailleurs pour gagner des batailles comme celle des enseignants
d’Oaxaca; un parti internationaliste, capable de combattre la
démagogie
nationaliste qui est colportée par les politiciens bourgeois
(tout en se
soumettant grossièrement aux impérialistes), et qui
trouve son reflet dans les
postures vides de l’« Autre campagne »2.
Ce doit être un parti basé sur le programme trotskyste
de la révolution
permanente, luttant contre le régime bourgeois
anti-démocratique qui opprime
les paysans, les Indiens et tous les travailleurs, et mettant en avant
le
programme de révolution ouvrière, non seulement au
Mexique mais également de
l’autre côté de la frontière, dans le bastion
impérialiste au nord, où les
millions d’ouvriers mexicains forment un pont humain et un secteur
croissant et
potentiellement combatif du prolétariat des Etats-Unis.
En fait, la lutte des enseignants
d’Oaxaca et le
massacre qui s’en est suivi ont eu un fort impact aux Etats-Unis. Nos
camarades
de l’Internationalist Group (IG), la section de la Ligue pour la
Quatrième
Internationale (LQI) aux Etats-Unis, ont été à
l’initiative d’une mobilisation
contre la répression à Oaxaca devant le consulat mexicain
à New York. Déjà, le
14 juin, le jour du massacre, l’IG a appelé à un piquet
de protestation,
organisé en moins d’une heure. Hier, le 15 juin, il a
organisé une autre
manifestation de plus de 50 participants, parmi lesquels beaucoup de
membres du
Professional Staff Congress, le syndicat des professeurs et
employés de la City
University of New York. Les manifestants, en colère, ont
scandé :
« Atenco, Oaxaca, massacres au Mexique » et « Victoire à la
grève des enseignants mexicains ! » ?
Les porte-parole du syndicat PSC ont exprimé leur
solidarité avec leurs
camarades mexicains. Et le même jour, la section locale de San
Francisco du
syndicat des dockers de la Côte Ouest, l’ILWU, a approuvé
à l’unanimité une
résolution protestant contre la répression à
Oaxaca.
L’IG lutte également pour
les pleins droits
de citoyenneté pour tous les immigrés sous le mot
d’ordre : « La
lutte ouvrière n’a pas de frontière ». Au
Mexique, l’objectif fondamental
du Grupo Internacionalista est d’établir le noyau d’un parti
ouvrier
véritablement révolutionnaire faisant partie d’une
Quatrième Internationale
reforgée. Ce n’est pas quelque chose de nécessaire pour
un lointain avenir : au
vu de la répression gouvernementale contre les travailleurs, il
est nécessaire
dès maintenant de construire cet instrument politique
indispensable pour la
révolution prolétarienne. Aujourd’hui, il est possible de
donner le coup de
grâce à l’édifice corporatiste chancelant et
atteindre de façon significative
ce régime meurtrier. Nous invitons les enseignants et tous les
autres opprimés
qui veulent passer de la résistance à un combat pour la
révolution à rejoindre
les rangs du Grupo Internacionalista. n