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juillet 2008 Pour les pleins droits de citoyenneté
pour tous les immigrants et immigrantes !
Québec : question nationale et Pour l’indépendance du Québec ! Il faut construire un parti ouvrier internationaliste ! montée du chauvinisme anti-immigrant Marche à Montréal de Solidarité sans frontières, le 4 mai 2008. (Photo: CMAQ) Sur le plan politique, le dernier an et demi au Québec a été marqué par la montée de la droite politique et conservatrice représentée par l’Action Démocratique du Québec (ADQ) et par une crise identitaire autour des fameux « accommodements raisonnables ». Cette formule vient de la réponse de la Cour Suprême du Canada aux demandes formulées par des groupes religieux minoritaires en bonne partie issus de l’immigration, comme les juifs hassidiques, les musulmans, les sikhs, etc., dans le but de leur permettre de vivre selon leurs pratiques religieuses tout en participant à la société québécoise ou canadienne. Après le fort recul électoral subit par le Parti Libéral du Québec (PLQ) lors du scrutin du 26 mars 2007, le premier ministre Jean Charest a nommé la Commission Bouchard-Taylor, pour calmer un peu les esprits. Mais à peine déposé le rapport final le 22 mai, ses 37 recommandations prioritaires étaient mises en vrac par le chef du PLQ, qui veut préserver le crucifix qui orne la salle de l’Assemblée nationale. Derrière la crise on a eu
un
cumul d’incidents. Il y a eu tout d’abord (il y a sept ans) l’affaire
du kirpan
(couteau traditionnel de la religion sikh) qui concernait un
étudiant d’origine
indienne de la région de Montréal voulant porter ce
symbole religieux à
l’école. Une hystérie
« sécuritaire » a aussitôt
été alimentée par
des démagogues xénophobes dans les médias
bourgeois, laissant entendre que ce
jeune homme pourrait utiliser son kirpan pour blesser d’autres
élèves alors que
c’est un insigne purement religieux et non offensif. En 2006 la Cour
Suprême du
Canada a donné raison à cet étudiant qui avait
été exclu de son école pour
avoir refusé d’enlever son kirpan. C’est à ce moment
là que la droite
nationaliste représentée par l’ADQ – mais aussi par une
partie du mouvement
indépendantiste québécois – a commencé
à soulever le spectre d’une supposée
menace pour les « valeurs
québécoises » représentée par
les
immigrants non-occidentaux et plus particulièrement musulmans.
Le développement
de l’islamophobie suite aux attentats du 11 septembre 2001 n’a pas
épargné le
Québec et les femmes musulmanes voilées sont devenues
aussi un facteur
d’irritation pour bon nombre de nationalistes québécois
et de féministes
bourgeoises. Ensuite en janvier 2007, un
petit village de la Mauricie, région située entre
Montréal et Québec, du nom
d’Hérouxville a fait les grands titres des journaux suite
à la publication de
son code de vie profondément imprégné de racisme
et de xénophobie
anti-musulmans et anti-immigrants en général. Alors qu’il
n’y avait pas un seul
immigrant musulman habitant le village, on y interdisait notamment
l’usage de
la lapidation, comme si tous les musulmans pratiquaient ce
châtiment barbare!
Le maire d’Hérouxville voulait même que son code soit
enchâssé dans la charte
des droits et des libertés pour « apprendre aux
immigrants notre manière
de vivre et les obliger à respecter nos valeurs »!
D’autres villages dans
la même région ont annoncé peu après leur
intention d’adopter ce code de vie.
Les médias bourgeois du Québec ont en
général tourné en ridicule l’initiative
d’Hérouxville tout en passant sous silence leur grande part de
responsabilité
dans ce dérapage, déclenchant ainsi parmi les couches
socialement plus
arriérées de la population québécoise un
sentiment d’envahissement et
d’insécurité. Femmes musulmanes à Hérouxville, le 11
février 2001, pour protester contre le « code de vie »
xénophobe dirigé contre les immigrant-e-s. Peu de temps après la
publication du code de vie d’Hérouxville, des jeunes filles
musulmanes furent
exclues de compétitions sportives pour avoir refusé
d’enlever leur hidjab
(foulard islamique). Encore une fois les médias bourgeois n’ont
pas hésité à
dénoncer l’attitude des jeunes filles comme une volonté
de défier les règles
« sécuritaires » au sport afin de se
conformer à leurs coutumes
religieuses. Tout ceci reflète la tendance naturelle de toute
bourgeoisie de
diviser la classe ouvrière pour mieux régner et ainsi
étouffer les luttes
sociales. Le fait de dresser les travailleurs québécois
« de souche »
contre les travailleurs immigrés permet à la bourgeoisie
québécoise de mettre
en œuvre plus facilement ses politiques de destruction des acquis
sociaux de la
classe ouvrière. En même temps, le souci
des
commissionnaires Gérard Bouchard et Charles Taylor, et de
secteurs importants
de la bourgeoisie québécoise, c’est que « les
Québécois ont opté
simultanément pour un régime de très faible
fécondité, une croissance
démographique et économique et le maintien de leur niveau
de vie, ce qui a
beaucoup pesé sur les politiques en faveur de
l’immigration ». En clair,
les femmes québécoises n’accouchant suffisamment de
bébés, pour maintenir le
niveau de vie d’une population vieillissante ils voient la
nécessité
d’encourager l’immigration, dont il faut ménager les
conséquences dans le cadre
de la « démocratie libérale »
bourgeoise. Ainsi ils préconisent des
règles de bon comportement, sans toucher aux fondements du
capitalisme qui
génère la xénophobie. Cette crise identitaire
confirme d’une manière éclatante ce que le dirigeant
communiste révolutionnaire
russe Lénine désignait par le terme
« mentalité étriquée de petite
nation ». Le nationalisme des petites nations a en effet
tendance à
percevoir tout ce qui est étranger comme une menace pour la
survie de la langue
et de la culture nationales. Ce qui entraîne
généralement un repli sur soi à
caractère xénophobe. Le Québec, étant une
petite nation francophone située à
l’intérieur d’un continent massivement anglophone, est
marqué depuis deux cent
ans par une lutte contre l’oppression nationale et la domination de son
territoire tout d’abord par la monarchie britannique et ensuite par
l’État
canadien. La bourgeoisie et la petite bourgeoisie nationalistes du
Québec
utilisent ce sentiment d’insécurité
généré par l’oppression nationale des
Québécois pour attaquer les droits des personnes
immigrantes et ainsi empêcher
l’unité de la classe ouvrière. Les immigrant-es deviennent
alors des boucs émissaires pour l’impasse dans laquelle se
trouve le mouvement
pour l’émancipation nationale du Québec depuis la
sévère défaite électorale que
le Parti Québécois a subi lors des élections
l’année passée. En effet le PQ
s’est ramassé à la troisième place derrière
le PLQ, qui a dû former le premier
gouvernement minoritaire de l’histoire du Québec depuis 125 ans,
et l’ADQ qui
est devenue ainsi l’opposition officielle à l’Assemblée
Nationale du Québec. Il
faut dire que l’ADQ a profité du tollé pour se faire du
capital politique en se
présentant comme le défenseur des « valeurs
québécoises » soi-disant
menacées par l’immigration. Le chef du PQ dans ce temps
là, André Boisclair,
s’était fait dénoncer par une bonne partie de ses
militants pour sa supposée
mollesse dans le dossier des accommodements raisonnables. Il
s’était opposé à
l’exclusion des jeunes filles musulmanes voilées des
compétitions sportives et
sa position était demeurée généralement
plus nuancée que celle du chef de l’ADQ
Mario Dumont. Mais c’en était trop pour les nationalistes
radicaux qui sont
très nombreux à la base du Parti Québécois
et qui l’ont poussé à démissionner
quelques mois après les élections pour le remplacer par
Pauline Marois, une
ancienne ministre péquiste. Panneau souligne la « solution » chauvine de l’ADQ : halte à l’immigration, et les femmes québécoises (blanches) doivent accoucher plus de bébés ! Il est erroné cependant
de
relier la débâcle électorale du PQ à un
supposé manque de ferveur identitaire.
Le PQ est un parti bourgeois au même titre que le Parti
Libéral et l’ADQ, qui a
mis en œuvre le programme de coupures drastiques dans les programmes
sociaux et
les services publics prôné par les grandes entreprises
lorsqu’il était au
pouvoir entre 1994 et 2003. La seule différence réside
dans le fait que le PQ
camoufle sa véritable nature capitaliste sous un vernis
« social-démocrate ». Mais le Parti
Québécois est né d’une scission
du PLQ à la fin des années 60 et contrairement aux partis
ouvriers bourgeois
comme le Nouveau Parti Démocratique au Canada ou le Parti
Socialiste en France
il ne tire pas ses origines du mouvement ouvrier. Sans oublier que le
PQ est un
fervent défenseur des accords de libre-échange
impérialiste comme l’ALÉNA qui
représentent une sérieuse menace pour les conditions de
vie de la classe
ouvrière nord-américaine. Sous la houlette du premier
ministre Lucien Bouchard (le frère du sociologue Gérard)
de 1996 à 2001, le
gouvernement péquiste a sabré massivement dans
l’éducation, la santé, l’aide
sociale et même les programmes de francisation destinés
aux immigrants dans le
but d’atteindre l’objectif du déficit zéro pour
« assainir » les
finances publiques. Les politiques antisociales et
« néolibérales »
du Parti Québécois ont largement pavé la voie
à l’offensive tous azimuts du
gouvernement libéral de Charest contre les acquis sociaux de la
classe ouvrière
québécoise obtenus suite à des luttes
acharnées. Au cours de l’été 1999, Lucien
Bouchard a appliqué une loi spéciale très stricte
pour briser une grève
militante des infirmières contre les compressions
budgétaires dans le réseau de
la santé. Lors des élections du 14 avril 2003 le PQ a
subi une défaite
électorale en bonne partie à cause du
désenchantement provoqué par ses
politiques de droite. Par la suite il a été incapable de
tirer profit de la
grogne suscitée par les politiques de démolition sociale
du PLQ, mieux connues
sous le vocable pompeux de « réingénierie
sociale », et c’est ce qui
explique son incapacité à vaincre les Libéraux
lors des élections de 2007. L’arrivée de Pauline
Marois à
la tête du PQ a marqué le début d’un virage
identitaire pour ce parti. Il y a
eu tout d’abord l’élaboration du projet de loi sur la
citoyenneté québécoise
qui menaçait d’enlever aux nouveaux immigrants qui ne
parleraient pas le
français le droit de se présenter comme candidat à
des élections. De plus
l’obtention de la citoyenneté québécoise, ce qui
constituerait une nouveauté en
soi, était également conditionnelle à la
maîtrise de la langue française. La
nouvelle cheffe du PQ voulait ainsi démontrer que son parti
entendait défendre
la langue et la culture françaises supposément
menacées par des immigrants
« récalcitrants ». C’est un projet loi
carrément et profondément
chauvin et discriminatoire qui renforce les pires aspects de la loi
101. Les
léninistes-trotskystes s’opposent
à toute mesure discriminatoire basée sur la langue et
l’origine ethnique, en
même temps que nous prenons parti pour l’indépendance du
Québec. Nous
revendiquons les pleins droits de citoyenneté pour tous les
immigrants et
immigrantes et ce sans condition. En tant que marxistes et donc
athées nous
réclamons une séparation complète de
l’Église et de l’État et nous combattons
toute forme d’obscurantisme et d’intégrisme religieux. Ainsi il
faut appuyer
les femmes qui, face à l’énorme pression sociale dans les
communautés
musulmanes, ont quitté la voile, que ce soit la burqa afghane
qui couvre le
corps entier pour l’emprisonner ou le hijab, le foulard islamique, qui
symbolise la soumission de la femme et de sa sexualité. Nous
rejetons
catégoriquement l’introduction des tribunaux de la sharia
(de la loi
islamique) en Ontario au nom du multiculturalisme, qui imposera
l’asservissement des femmes. Mais au même titre nous nous
opposons à
l’interdiction par l’État capitaliste et impérialiste du
foulard islamique et
d’autres symboles religieux, ce qui ne peut que servir à
l’exclusion
discriminatoire. Le fait de bannir de la vie publique des femmes parce
qu’elles
portent le voile islamique contribue encore plus à leur
isolement. La même
chose est vrai pour les sikhs, hindous et musulmans qui portent le
turban, les
juifs qui portent la kippa, etc. L’oppression historique du
peuple québécois et la profonde discrimination que la
langue française a subie
au Québec comme dans le reste du Canada pendant des
décennies ne peuvent en
aucun cas servir de justification à la volonté des
nationalistes bourgeois du
PQ de restreindre l’accès des non-francophones à la vie
politique du Québec. Virage
du PQ En même temps qu’il se
posait
en défenseur acharné de la langue française au
Québec, le PQ a effectué, encore
une fois, un virage autonomiste sur la question nationale. Lors de son
Conseil
National tenu en mars 2008, il a mis au rancart l’obligation de tenir
un
référendum sur la souveraineté du Québec
suite à une élection victorieuse. Au
lieu de parler de souveraineté (formule ambigüe pour
éviter prononcer le mot
indépendance), la direction du PQ parle maintenant de
« gestes de
gouvernance », comme la création d’une
citoyenneté québécoise, dans le
cadre d’un Canada uni. En 1985 après la démission de son
fondateur René
Lévesque, le Parti Québécois sous la houlette de
Pierre-Marc Johnson avait
remplacé le projet indépendantiste par
l’« affirmation nationale ».
Il n’y a donc rien de nouveau dans la démarche de la direction
actuelle du PQ.
L’impasse dans laquelle se trouve le projet d’indépendance du
Québec pousse les
dirigeants nationalistes bourgeois à trouver une sortie de
secours leur
permettrant de reprendre le pouvoir dès que possible. Pour sa part, la Ligue pour la
Quatrième Internationale prône l’indépendance du
Québec afin de mettre un terme
à l’oppression nationale du Québec et aux antagonismes
nationaux qui entravent
les luttes unifiées de la classe ouvrière partout au
Canada et en Amérique du
Nord. En même temps nous voulons briser l’emprise des
nationalistes bourgeois
et petit-bourgeois du Parti Québécois, du Bloc
Québécois et du nouveau parti de
gauche Québec Solidaire dont les politiques lient la classe
ouvrière québécoise
à ses exploiteurs « nationaux ». De cette
façon les travailleurs et
les travailleuses du Québec et du Canada anglais
reconnaîtrons que leurs
véritables adversaires sont leur bourgeoise respective et non la
classe
ouvrière de « l’autre nation ». Pauline Marois, dirigeante du Parti Québecois, en octobre 2007 quand elle introduisait un projet de loi sur « l’identité québécoise » qui interdirait la candidature des immigrants qui n’ont passé un examen en langue française. (Photo: Canadian Press) De l’autre côté,
nous nous
opposons fortement aux courants de la gauche canadienne-anglaise qui
mettent de
l’avant la défense de l’unité canadienne et donc de
l’État canadien
impérialiste face à la volonté
d’émancipation nationale du Québec, comme le
Nouveau Parti Démocratique (NPD) social-démocrate de
droite, célèbre pour ses
positions chauvines, et le Parti Communiste du Canada stalinien, qui
colporte
l’illusion de réformer la constitution canadienne pour
satisfaire les
revendications du Québec et des peuples autochtones sous le
capitalisme. Le Canada est un État
impérialiste
qui est un partenaire junior de l’impérialisme américain
et qui participe
activement à l’occupation de l’Afghanistan depuis 2001 et
d’Haïti depuis 2004.
Dans ce dernier cas, le gouvernement libéral de Paul Martin qui
a été au
pouvoir de 2004 à 2006 a joué un rôle important
dans le coup d’État qui a
renversé le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide le 29
février 2004. Le
Québec par contre n’est pas non plus une colonie ou une
semi-colonie de l’État
canadien. C’est une nation opprimée au sein d’un État
multinational. La
bourgeoisie québécoise a ses propres ambitions
impérialistes, entre autres
envers l’Afrique, et participe à l’occupation d’Haïti avec
la présence de
nombreux policiers québécois dans la république
noire pour
« rétablir l’ordre et la paix ». En réalité, autant
les
nationalistes bourgeois québécois que les
fédéralistes canadiens se sont
emparés des énormes ressources hydrauliques et
minières du Grand Nord
québécois, du pays des Cris et des Inuits, pour les
revendre aux financiers
new-yorkais. Tout comme le libéral Jean Lesage avec sa
« révolution
tranquille », dont le Ministre des Ressources Naturelles et
futur
fondateur du Parti Québécois, René
Lévesque, créa Hydro-Québec, les
nationalistes bourgeois péquistes ont toujours rêvé
d’être « maîtres chez
nous », pour exploiter « leurs »
travailleurs. Ce n’est
que dans le cadre d’une révolution socialiste qui englobe tout
l’Amérique du
Nord qu’on pourra libérer les peuples autochtones, nations
opprimées et masses
travailleuses, ce qui est la seule façon permettant de partager
et utiliser
d’une manière équitable ces richesses au
bénéfice de tous. Volonté
de combattre des bases ouvrières, face à Dans les pays capitalistes
autour du monde, la classe ouvrière est à la
défensive. Ses acquis syndicaux
sont en danger, on démolit les programmes sociaux. Mais en
Québec, les dégâts
ont été moins avancés qu’ailleurs, et la
possibilité de résistance plus grande.
Alors qu’aux États-Unis le taux de syndicalisation dans le
secteur privé a
tombé jusqu’à 7,8 pour cent en 2006 et dans le Canada la
moyenne nationale est
environ 32 pour cent, au Québec à la même date il y
avait même une légère
progression pour dépasser les 40 pour cent. Les garderies
subventionnées à 7 $
par jour existent toujours, avec 200 000 places dans les CPE. Mais le
système
de la santé publique est sous attaque, et ceci tant sous les
gouvernements du
PQ que du PLQ de Charest. Les frais de
scolarité des universités québécoises,
même s’ils sont très inférieurs à la
moyenne canadienne, montent depuis le dégel promulgué par
le PLQ en 2007. La
« précarité » du travail progresse,
au point que le tiers des emplois
dans la province sont aujourd’hui à temps partiel ou à
contrat de durée limitée. Pourtant la volonté de
combattre était palpable au sein de la classe ouvrière
québécoise contre les
politiques de démolition sociale du gouvernement Charest. En
décembre 2003, il
y a eu des manifestations à travers le Québec pour
dénoncer la volonté des
Libéraux d’affaiblir les syndicats du secteur public. Des routes
ont été
bloquées, notamment au Saguenay-Lac-St-Jean, et la tenue d’une
grève générale
était réclamée avec force dans les
assemblées syndicales. Mais les
tergiversions des bureaucrates syndicaux ainsi que les divisions
intersyndicales ont finalement eu raison du projet de grève
générale. Vu cette
faiblesse, à la mi-décembre 2005, le gouvernement Charest
a procédé à un
« coup de force », après 18 mois d’une
drôle de négociation et avec
des syndicalistes partout dans la rue . Dans le cadre d’une loi
d’urgence, il a
promulgué ses décrets imposant les conditions de travail
des employés de la
fonction publique québécoise, décrétant une
perte de salaire pour les quelques
500 000 travailleurs pendant une période de sept ans, et
interdisant tout
« moyen de pression » (Le Devoir, 15
décembre 2005). Le
semblant de résistance des bureaucrates s’est évanoui
sans laisser de trace.k Malgré la
démoralisation qui a
suivie, les manifestations du 1er mai en 2006 et en 2008,
qui ont eu
lieu dans les deux cas un samedi, ont rassemblé plus de
50 000 personnes.
En 2008, le thème de la manifestation du 3 mai était la
défense du système de
santé public contre la privatisation rampante. La forte
participation à cette
manifestation démontre bien l’attachement de la classe
ouvrière québécoise aux
services publics issus de la « Révolution
Tranquille » des années
1960 qui fût marquée par la mise sur pied de politiques
interventionnistes qui
ont permis le développement de la bourgeoisie
québécoise, mais aussi d’un
État-providence capitaliste. Cependant, ce
« modèle
québécois » aux allures
sociales-démocrates ne peut pas résister dans l’
isolement splendide à l’offensive globale des partisans
du « marché
libre ». En dépit de leur paroles socialisantes, les
centrales syndicales
québécoises ont enchaîné les travailleurs au
Parti Québécois, un parti des
patrons qui a été le fer de lance de l’attaque du
patronat contre les
programmes sociaux. Cortège des travailleurs et
travailleuses du Journal de
Québec dans la
marche syndicale du 3 mai à Montréal. Les luttes de classe
continuent. L’année dernière il y avait une courte
grève dans la Société de
Transport de Montréal, dont l’impact restait limité
dû au maintien des services
essentiels. Il y a eu le lock-out au Journal de Québec,
d’une durée de
plus de 14 mois, contre le patron ex-maoïste de Quebecor, Pierre
Karl Péladeau,
qui voulait répéter la défaite qu’il a
infligé aux travailleurs de Vidéotron (Le
Devoir, 27 juin). Il y a aussi le lock-out
décrété depuis novembre 2007 par
la direction de Pétro-Canada dans l’est de Montréal
contre leurs travailleurs.
Dans les deux derniers cas, les patrons n’ont pas hésités
à utiliser des briseurs
de grève. Pourtant, dans tous ces conflits la bureaucratie
syndicale tient à
« respecter la loi », alors que pour gagner il
faudrait rompre les
règles du jeu imposées par les patrons, y compris les
patrons péquistes.
C’était le PQ sous René Lévesque, en 1982, qui
avait établi « le conseil
des services essentiels » que le gouvernement du PQ, sous
Lucien Bouchard,
avait utilisé en 1999 pour déclarer
« illégale » la grève des
infirmières,
qu’il a réussi à briser avec la complicité des
directions syndicales péquistes. Au sujet des luttes
ouvrières,
le projet de grève générale des travailleurs et
des travailleuses du secteur
public québécois a été un échec
retentissant. Les syndicats sont demeurés
divisés entre eux, il n’y a pas de front commun, un
ingrédient nécessaire pour
que la grève soit un succès et pour mettre en
échec l’offensive anti-ouvrière
de l’État capitaliste. Au lieu de ça, certains syndicats
comme le Syndicat de
la Fonction Publique du Québec (SFPQ) et le Syndicat des
Professionnelles et
Professionnels du Gouvernement du Québec (SPGQ) ont
organisé des journées et
des demi-journées de grève d’une manière
sporadique. Mais celles-ci sont vouées
à l’échec sans une direction qui rompt avec tous les
partis bourgeois,
particulièrement avec le PQ, et se prépare pour
résister aux attaques de l’État
capitaliste. Pour sortir du piège du nationalisme, il faut une
contre-offensive
ouvrière au niveau politique, pour forger un parti ouvrier
internationaliste et
révolutionnaire qui lutte pour préparer le renversement
du système capitaliste. La
lutte pour une direction communiste internationaliste Le recul du PQ sur la question
nationale a profondément déçu voire choqué
nombre de nationalistes radicaux.
C’est pourquoi à l’automne 2007 il y a eu la création du
Parti Indépendantiste
ultranationaliste et xénophobe. Sur son site web
(www.parti-independantiste.org) on y retrouve plusieurs
déclarations de ses
dirigeants sur le supposé refus des immigrants de
s’intégrer à la société
québécoise et d’apprendre le français. Le PI
prône le renforcement de la
politique de l’unilinguisme français notamment en
étendant l’obligation de
fréquenter l’école française pour les immigrants
jusqu’au CEGEP (établissement
d’enseignement à la fois post-secondaire et
pré-universitaire). Il préconise
également l’abandon de la stratégie
référendaire pour accéder à
l’indépendance
au profit d’une élection référendaire, ce qui veut
dire que l’élection de ce
parti mettrait aussitôt en branle le processus
d’indépendance du Québec. La
stratégie du Parti Québécois depuis 1973 en
était une « d’étapisme »,
soit tout d’abord l’élection d’un gouvernement péquiste
et ensuite un
référendum sur la
« souveraineté » du Québec. Le PI
préconise aussi
un contrôle plus strict de l’immigration pour favoriser les
immigrant-es qui
parlent déjà le français. La montée du chauvinisme
francophone a entraîné la montée du chauvinisme
anglophone avec la création en
même temps du Parti Affiliation Quebec qui prône
ouvertement la partition du
Québec en cas d’indépendance. Il cherche à
remplacer le Equality Party qui a
cessé d’exister suite aux élections de 2003 alors que ses
résultats avaient été
très faibles. Les léninistes-trotskystes ne
considèrent pas les frontières d’un
Québec indépendant comme étant sacro-saintes et
immuables. Nous défendons par
exemple le droit des peuples autochtones du nord du Québec de
décider librement
leur destin. Par contre le mouvement partitionniste anglophone est
extrêmement
chauvin et vise à dépecer le Québec selon des
lignes ethniques en faisant entre
autres de l’ouest de Montréal, qui a une très forte
concentration anglophone,
une enclave canadienne. Le programme ultra-droitier du Parti
Affiliation Quebec
s’approche de celui de l’ADQ sur le plan socio-économique avec
la revendication
d’une réduction drastique des impôts et taxes. Les
fondateurs d’Affilation
Québec sont nostalgiques de l’époque ou l’anglais
était la langue dominante à
Montréal au niveau du travail et ou l’unilinguisme anglais
régnait en maître
dans l’ouest de la ville. Pour notre part nous rejetons
résolument les
extrémistes francophones et anglophones qui font tout pour
envenimer les
tensions ethniques et linguistiques avec leur programme chauvin. Nous
défendons
l’égalité des langues et des nations et nous nous
opposons à toute forme de
privilège linguistique quel qu’il soit. Dans la manifestation montréalaise du 4 mai. (Photo: CMAQ) Analysons maintenant
brièvement le nouveau parti Québec Solidaire,
qui a été crée en février 2006 lors du
congrès de fusion de l’Union des Forces
Progressistes (UFP) et du mouvement Option Citoyenne, et qui veut se
placer à
la gauche du PQ. C’est un parti petit-bourgeois résolument
populiste qui évite
systématiquement l’utilisation des termes classe ouvrière
et socialisme. Il a
peu de liens avec le mouvement syndical, à l’exception du
Conseil central de
Montréal de la Confédération des Syndicats
Nationaux (CSN). Sa plateforme en 25
points, été rédigé pour les
élections québécoises de mars 2007, prône
entre
autres un meilleur financement public du système de
santé, une hausse des
prestations d’aide sociale, la nationalisation de l’industrie
éolienne,
l’abrogation des lois anti-syndicales promulguées par le
gouvernement libéral
de Jean Charest, et surtout l’introduction de la représentation
proportionnelle. Ce sont toutes des revendications réalisables
sous le règne du
capitalisme, ce qui démontre clairement que QS n’entend
nullement rompre avec
ce système infernal d’exploitation et d’oppression mais cherche
plutôt à
l’humaniser! Québec Solidaire sert
surtout
pour rassembler les déçus du PQ afin de faire pression
sur ce parti bourgeois.
Ces nationalistes petit-bourgeois rêvent du crétinisme
parlementaire même quand
ils ne peuvent pas entrer au parlement pour participer au jeu de la
politique
bourgeoise. Et même si un de ses deux porte-paroles, Amir Khadir,
est un
immigrant d’origine iranienne, QS ne défend nulle part les
droits des
immigrants. Les révolutionnaires prolétariens, par
contre, luttent pour les
pleins droits de citoyenneté, canadien ou
québécois, pour tous les immigrants
et immigrantes. Le pire dans tout ça, c’est que les collectifs
soi-disant
anticapitalistes de QS comme les mandéliens de Gauche
Socialiste, les
cliffistes de Socialisme International et le Parti Communiste du
Québec sont
très à l’aise avec cette orientation populiste bourgeoise
et formulent tout au
plus quelques critiques collégiales. Il faut dire que ça
fait longtemps que ces
groupes « d’extrême-gauche » mènent
une politique résolument
réformiste. Gauche Socialiste, entre autres, défend une
politique complètement
suiviste envers le nationalisme québécois au point
d’appuyer l’unilinguisme
français. Si au Québec une bonne
partie
de la gauche soutient politiquement le nationalisme
québécois, au Canada
anglais plusieurs groupes soi-disant marxistes sont suivistes envers le
NPD
ultra-réformiste et anglo-chauvin, comme par exemple Socialisme
International
(partisans du défunt Tony Cliff), Socialist Action (partisans de
feu Ernest
Mandel), Fightback (affilié a la Tendance Marxiste
Internationale de feu Ted
Grant). Le NPD prétend défendre, sur le papier, le droit
du Québec à
l’autodétermination mais n’hésite pas à soutenir
les mesures réactionnaires du
gouvernement canadien comme la loi sur la Clarté
référendaire qui permet à
Ottawa de déterminer quel pourcentage est acceptable pour
reconnaître un vote
positif lors d’un éventuel référendum sur
l’indépendance du Québec. Lors des
élections de mars 2007, Québec Solidaire a obtenu 4% des
suffrages et s’est
placé en deuxième position derrière le candidat du
PQ dans la circonscription
de Mercier sur le Plateau Mont-Royal à Montréal.
Effectivement, la base de QS
se trouve surtout chez les artistes et les intellectuels de gauche dont
une
bonne partie vivent dans le quartier branché du Plateau
Mont-Royal. Aux
travailleurs, immigrants ou originaires du Québec, ces
nationalistes
petits-bourgeois « progressistes » n’ont rien
à dire quant à la
défense de leurs intérêts de classe. Pour résumer, une
direction
révolutionnaire et communiste est plus que jamais
nécessaire pour la classe
ouvrière québécoise, unie avec la classe
ouvrière du reste du Canada et de
l’Amérique du Nord. Celle-ci ne se trouve certainement pas du
côté de Québec
Solidaire et des organisations soi-disant marxistes qui le soutiennent.
Ce
qu’il faut dès maintenant c’est un parti ouvrier
léniniste-trotskyste basé sur
les thèses internationalistes de Marx, Engels, Lénine et
Trotsky, en tant que
section d’une Quatrième Internationale reforgée. En
avant pour la renaissance de la Quatrième Internationale! Luttons pour forger un parti ouvrier révolutionnaire et internationaliste au Québec! Pour contacter la Ligue
pour la Quatrième
Internationale ou ses sections, envoyez un courrier electronique
à:
internationalistgroup@msn.com
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