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![]() mai 2012 Face aux mesures de guerre du
gouvernement libéral de Charest, mobilisons les
gros bataillons de la classe ouvrière !
La
grève étudiante
québécoise :
il faut vaincre l’attaque capitaliste ![]() La Sûreté du Québec ouvre le feu à Victoriaville le 4 mai contre l’ « ennemi » : les étudiant-es en grève et les contestataires des politiques de privatisation et répression. Il faut appeler à une force plus grande, celle de la classe ouvrière. (Photo: Le Soleil) Contre la privatisation et marchandisation de l’éducation publique : luttons pour la révolution socialiste ! 20 MAI 2012 –
Depuis plus de trois mois, les étudiants et
étudiantes du Québec font la
grève contre le plan du gouvernement de Jean
Charest, du Parti Libéral, d’imposer une
hausse massive des frais de scolarité. En
ayant mobilisé jusqu’à 300 000
grévistes, les étudiants ont
bouleversé la nation
québécoise. C’est la plus grande
mobilisation étudiante de l’histoire du
Québec et une des plus acharnées
luttes sociales au Canada des dernières
décennies. Elle revêt une importance
internationale capitale, tout aussi comme la
grève étudiante de huit mois au Chili
l’année dernière. Ce sont parmi les
principaux combats actuels contre la guerre
capitaliste contre l’éducation publique, et
contre les travailleurs tout court. Elle
mérite la solidarité active de tout
partisan du droit démocratique à
l’éducation et de la classe ouvrière
mondiale. Et c’est maintenant qu’il faut manifester
cet appui avec des actions concrètes. Le mouvement
étudiant au Québec se produit dans le
contexte d’une vague de luttes de masse autour du
monde. Ce qui ensuite sera baptisé le
« Printemps érable » de
2012 fait référence au
« Printemps arabe » de 2011.
Le mouvement des Indignés au Portugal, en
Espagne et en Grèce avait
occupé les places des centre-villes en
Europe. Au Québec, la grande mobilisation de
départ, la journée du 10 novembre
2011, quand il y avait 200 000 étudiants en
grève et 30 000 dans les rues de
Montréal, se produisait peu après
l’irruption du mouvement Occupons Wall Street en
Etats-Unis, et quand la grève
étudiante chilienne battait son plein. Mais
alors que l’effervescence est globale, sauf la
grève étudiante en Colombie, qui
obligeait le gouvernement droitier à retirer
sa « réforme de
l’éducation » ouvrant la porte
à la privatisation, force est d’admettre
qu’aucune de ces luttes ne s’est couronnée
par la victoire. En Tunisie
et Egypte, les dictateurs ont été
renversé, mais les dictatures basées
sur l’armée restent. Eu Europe, même
que plusieurs gouvernements qui ont
présidé les effets de la crise
capitaliste internationale ont tombé (en
Grèce, Espagne, Portugal, Italie et
dernièrement en France), les nouveaux
régimes imposent néanmoins des
politiques d’austérité. Aux E.-U., les
centaines de campements d’Occupy ont
été presque tous expulsés par
l’action policière. Au
Québec, l’envergure de la mobilisation
pour la grève étudiante a permis
qu’elle perdure en face d’un gouvernement qui veut
mettre en œuvre sa hausse des frais universitaires
à tout prix. Mais maintenant il a
décidé de l’imposer avec le poing
blindé de la police et la
« justice » bourgeoises.
Suivant la formule de l’impérialisme
américain au Viêt Nam, Charest est
prêt à fermer l’université pour
la sauver du virus de la contestation
étudiante. Il faut
considérer alors les raisons de la survie de
ces régimes et politiques
réactionnaires en face d’une opposition
populaire jamais vue. Ça ne s’explique pas
seulement par la répression, ni par
l’entêtement des dirigeants. Le gouvernement
mafieux du PLQ au Québec persiste et signe
parce que derrière lui il y a la puissance du
capital impérialiste, dont il gère les
affaires. Et les forces qui s’insurgent contre
Charest et cie. sur une base strictement
démocratique sont gravement affaiblis
à cause de leur refus d’attaquer les bases
économiques et sociales du pouvoir. Certes,
le gel des frais de scolarité ou même
leur abolition n’est qu’un droit démocratique
à l’éducation. Mais dans cette
époque de dégénérescence
du capitalisme, quand tous les acquis du
passé sont sous attaque, on ne peut les
gagner et même les défendre que par une
lutte révolutionnaire qui mène
à l’installation d’un gouvernement ouvrier. De la loi cadenas duplessiste à la loi matraque de Charest
A ce moment,
après 14 semaines de résistence aux
calomnies de la presse patronale, les menaces du
gouvernement et la répression féroce
de sa police, ayant subi plus de 1 600 arrestations,
il y a toujours plus de 150 000 étudiants de
1 964 associations en grève. Dès le
départ, le gouvernement du PLQ a
refusé catégoriquement toute
négociation ou même discussion sur la
hausse des droits de scolarité. La seule
« modification » qu’il avait
admis était de les étaler sur sept ans
au lieu de cinq, en ajoutant l’indexation pour
inflation, ce qui augmenterait le total de 1 625 $
jusqu’à 1 778 $ par an, soit une hausse
de 82%. Et quand les assemblées des
étudiantes dans toutes les universités
et collèges en grève rejettent
carrément sa dernière
« offre » empoisonnée,
le premier ministre qui se veut empereur John James
du Québec décrète le
« durcissement » de la
position gouvernementale. La
« carte de l’autorité »
que certains ministres libéraux
« faucons » voulaient que leur
chef joue depuis longtemps, c’est le Projet de Loi
n° 78. Déposé à
l’Assemblée nationale à 20 h. au soir
du jeudi, 17 mai, il fut voté moins de 24
heures après dans une procédure
expresse digne de tout régime autoritaire. Le
ministre Raymond Bachand tonnait :
« «Assez, c’est assez ! Il y a
des groupes radicaux qui systématiquement
veulent déstabiliser l’économie de
Montréal. Ce sont des groupes
anticapitalistes, marxistes » (La
Presse, 16 mai).
« Le Chef » Charest
s’empresse d’imiter les mœurs de Maurice
Duplessis, le dernier premier ministre
québécois à remporter trois
mandats consécutifs. Trafic d’influence tous
azimuts, un parlement docile, répression
féroce contre les syndicats, diabolisation
des contestataires comme des
« rouges » dangereux, et
législation musclée pour
étouffer toute opposition. Hiver en
août ? Duplessis
décrétait sa loi cadenas (« Loi
protégeant
la province contre la propagande
communiste »), son épigone
émet sa « Loi permettant aux
étudiants de recevoir l’enseignement
dispensé par les établissements de
niveau postsecondaire qu’ils fréquentent ».
Avec
cette loi, Charest reporte la session d’hiver des
universités et collèges en
grève pour commencer en août et se
terminer en septembre … pour ne pas
« réduire la qualité du
diplôme » ! Il veut garantir
« le droit à
l’éducation » et la
sérénité des conditions de
enseignement. Et comment est-ce qu’il pense faire
cela ? En mettant les campus sous les verrous
pendant trois mois, et en envoyant les GI de la
police pour arrêter encore plus massivement
les étudiantes et étudiants qui ont
violé la volonté de l’autocrate.
Cependant, sa hausse des frais garantirait l’exclusion
de milliers de jeunes de l’éducation
supérieure. À la
grève étudiante, le chef
libéral répond avec un lockout
plus une loi matraque pour interdire des
lignes de piquetage. Il veut ainsi rendre
impossible des grèves futures. Il l’affirme
lui-même, en se plaignant qu’« on
s’est tapé au Québec des dizaines
d’années de débat sur cette
question ». Hélas, les
étudiant-e-s ont encore leur mot à
dire sur sa tentative d’hypothéquer leur
avenir, en les condamnant à des années
de servitude pour dettes aux banques. Et ils/elles
le disent tout haut. Dès
le départ, le premier ministre qui a
gouverné le Québec pendant presque une
décennie a écarté toute
discussion de son projet de hausser les frais de
scolarité, au nom de la
« compétitivité »
des universités québécoises. Il
qualifie péjorativement les dirigeants des
fédérations étudiantes en
grève comme des « enfants
roi » qui refusent de payer
« leur juste part ». Arborant
une arrogance sans limite, il s’est gardé de
s’asseoir avec eux, laissant le « sale
boulot » à ses ministres
féminines. Comme dit Jean Barbe dans le Monde
(16 mai), « Il croyait
rééditer son coup de 2005, date de la
précédente grève
étudiante, et semer la discorde entre les
associations étudiantes pour réussir
à écarter des négociations la
plus revendicatrice d’entre elles, la Coalition
large pour une solidarité syndicale
étudiante (la CLASSE), et s’entendre avec les
deux autres ». Mais cette fois le
manœuvre cynique ne marchait pas. Pourquoi pas ? Avec son diktat,
Charest veut mettre fin au débat sur les
frais universitaires. Donc, il assume une position
qui n’admet aucun compromis, qui exclue toute
négociation. Avec des scores dans les
sondages d’insatisfaction avec sa gestion au-dessus
de 75%, il veut une image de fermeté. Fait
indicatif : à l’aube de l’annonce de sa
loi spéciale le dirigeant du groupe plus
« modéré »,
Léo Bureau-Blouin de la FECQ
(Fédération étudiante
collégiale du Québec), proposait une
« nouveau scénario »
qui comptait avec l’appui de la FEUQ
(Fédération étudiante
universitaire du Québec) et même des
étudiants minoritaires favorables à la
hausse. C’était une formule qui aurait
signifié trahir le but de la grève,
mais le gouvernement a refusé. La nouvelle
ministre de l’éducation, Michelle Courchesne,
déclare « qu’il n’y a pas
davantage de place au compromis ». Bref,
les libéraux veulent écraser
la grève. Non-entente
non-cordiale. On avait vu
la même chose à la suite des
pourparlers que l’ancienne ministre de
l’Éducation, Line Beauchamp, et la nouvelle
ministre Courchesne avaient menées avec les
dirigeant-es étudiant-es le 4 et 5 mai. Dans
une session marathon ils ont épuisé la
résistance des négociateurs
grévistes. Les dirigeants syndicaux,
appelés pour prêter un
« service au Québec »
ont conseillé aux étudiants de faire
des concessions. À ce moment, la
Sûreté du Québec était en
train de réprimer à feu et à
sang des milliers de manifestants réunis en
face d’un congrès du PLQ à
Victoriaville. Les ministres convainquent les
étudiants à faire une
déclaration « contre la
violence », ce qu’ils ont fait, et que
les médias diffusent comme une
dénonciation de la
« violence » des
manifestants qui essayaient de répondre
à la pluie de gaz lacrymogène et des
dizaines de balles de plastique lancés par
les flics. Ce qu’il fallait faire à ce moment
était de dénoncer la fusillade de la
police et déclarer qu’on ne pouvait plus
discuter dans pareilles conditions d’intimidation.
Or, les dirigeants étudiants sont
restés. Finalement, après 22 heures
cloisonnées avec leurs ennemis et faux amis
(les bureaucrates syndicaux), ils et elles ont
accepté un document remis par le
gouvernement. Malheureusement, les étudiants
n’avaient pas vérifié que les
compromis qu’ils croyaient avoir atteints y
était inclus. En plus, le gouvernement le
présentait comme une
« entente » alors que pour les
étudiants c’était une offre
gouvernementale. En tout cas, le texte signifiait la
capitulation devant le régime. Il ne touchait
en rien la hausse des frais de scolarité, il
comptait sur des économies douteuses pour
réduire les frais afférents, et
mettait la table pour un « comité
provisoire » avec une nette
majorité nommée par le gouvernement et
les hommes d’affaires. C’était
un désastre. Il y avait grande consternation
parmi les dirigeant-es de la CLASSE quand ils ont
connu le texte. Même les dirigeants de la FEUQ
et la FECQ ne pouvaient pas le défendre. Mais
que fait le gouvernement ? Il met de l’huile
sur le feu. Beauchamp écrit aux
députés que la hausse est maintenue
et il n’y aura pas suffisamment
d’économies pour réduire sensiblement
les frais afférents. Gabriel Nadeau-Dubois de
la CLASSE se plaint, « ils se sont
littéralement vantés de nous en avoir
passé une petite vite » (La
Presse, 8 mai). Ensuite, des assemblées
des associations étudiantes en tout la
province votent avec des majorités
accablantes contre
l’« entente » bidonne. Ce qui
attire l’attention, cependant, c’est que même
cette capitulation devant les pressions du
gouvernement ne le satisfaisait. Charest voulait
surtout démoraliser les étudiants,
pour qu’il n’y aurait plus de grève
étudiante pendant beaucoup d’années. Mais
pourquoi est-ce qu’ils ont signé cette
abomination, ou même accepté de la
mettre à discussion ? Dans le cas de la
FEUQ, elle avait déjà proposé,
en novembre 2011, de former une telle commission
pour chercher des économies dans le
fonctionnement des universités. Alors, les
marxistes révolutionnaires appelons pour un
gouvernement tripartite des universités, par
des conseils d’étudiants, professeurs et
travailleurs. Mais la commission proposée par
la FEUQ, avec des représentants de
l’administration et du gouvernement, relevait de la
collaboration de classe au lieu d’un organisme pour
combattre l’emprise capitaliste sur
l’éducation. Pour la CLASSE, pourtant,
discuter de la commission proposée par le
gouvernement était une compromission des buts
pour lesquels elle disait lutter. Elle acceptait les
limites imposées par le capital, ce qui les
aurait fait complices de l’administration bourgeoise
de l’université. Une
lutte contre l’assaut capitaliste internationale sur
l’éducation publique ![]() Des
contingents d’étudiants du
sécondaire marchent pour l’éducation
à Santiago du Chili, le 30 juin
2011. La lutte contre la privatisation et marchandisation de l’éducation est internationale. (Photo: EFE) Il est bien
évident que le gouvernement Charest
bénéficient du soutien de presque
toute la bourgeoisie québécois pour
imposer la hausse des frais de scolarité sur
les étudiants. Parmi les rares organismes
à « se réjouir »
de la loi matraque du gouvernement est la
Fédération des chambres de commerce du
Québec. Auparavant, une lettre ouverte
d’appui à la position gouvernementale fut
signé par le président de la
Fédération, le chef de la chambre de
commerce de Montréal, le président du
Conseil du Patronat du Québec et, fait
significatif, par Lucien Bouchard, ex premier
ministre du Québec, du Parti
Québécois (The Gazette, 4 mai).
Même si les députés du PQ
portent le carré rouge dans
l’Assemblée nationale, et que Pauline Marois
a dit qu’elle abrogerait la hausse, elle n’est pas
pour le gel non plus, voulant indexer les frais sur
l’inflation. Mais
l’empressement du gouvernement
québécois d’appliquer cette
« réforme »
reflète des pressions non seulement du
patronat québécois mais plutôt
celles du capital international. Il faut se souvenir
que dans les années 60, après que le
gouvernement avait saisi le contrôle des
écoles de l’Église catholique qui
l’avait détenu jusqu’à 1959 et qui
voyait dans la gratuité de l’instruction
« le spectre de l’école neutre et
laïque », la Commission Parent
recommandait la création des cégeps
(collèges d’enseignement
général et professionnel) avec le but
de démocratiser l’accès à
l’éducation universitaire pour satisfaire
« les exigences de l’économie
moderne » et aussi parce que
« tout personne a droit d’accéder
aux divers univers de connaissances ». Le
Canada à l’époque avait signé
une convention des Nations Unis qui établit
comme objectif d’approcher progressivement de la
gratuité de l’enseignement
supérieur. [1] Ce qui se passe actuellement, c’est que
les « exigences de l’économie
moderne » capitaliste ont changés.
Dans les années 60 et 70, les gouvernements
occidentaux étaient confrontés avec
des grandes luttes pour l’intégration
scolaire et pour la démocratisation de
l’éducation. Les exemples
emblématiques étaient
l’intégration raciale des écoles aux
Etats-Unis et l’expansion de l’éducation
universitaire en France suite à la
révolte étudiante et ouvrière
de mai-juin 1968. Il y avait aussi au Québec
un désir, aussi dans les milieux
capitalistes, de se procurer le contrôle des
ressources naturelles (expansion
d’Hydro-Québec) et de sortir d’une
économie de pourvoyeur des matières
primaires. Donc pour rendre l’économie
québécoise plus compétitive
envers ses concurrents, les patrons avaient besoin
de main d’œuvre techniquement qualifiée. Aujourd’hui, les nécessités
du capital sont différentes. Avec la
« modialisation » tellement
vantée par les impérialistes et
dénoncée par les
« altermondialistes », il y a
seulement une petite minorité des entreprises
québécoise qui sont
compétitives sur l’échelle
internationale –Bombardier, Quebecor, Power
Corporation – alors que beaucoup d’autres ont
été vendues aux firmes
« multinationales », comme
c’est le cas de Alcan, maintenant Rio Tinto Alcan.
Ce sont elles qui dominent les médias et la
formation de l’« opinion
publique ». Même s’il peut y avoir
des disputes entre ces empires (La Presse et
Le Soleil de la Power Corporation de la
famille Desmarais ne sont toujours sur la même
longueur d’onde que le Journal de
Montréal et le Journal de
Québec de Quebecor de la famille
Péladeau), le gouvernement Charest est le
serviteur de ces monopoles. Dans
l’actualité, ces géants du capitalisme
mondial ne sentent plus la nécessité
d’avoir accès à un réservoir de
main d’œuvre qualifiée. S’ils ont besoin de
techniciens, ils peuvent les sous-traiter à
d’autres entreprises dans d’autres pays, comme le
font le RTA ou Bombardier. Ils peuvent construire
des installations dans des pays avec coûts de
main-d’oeuvre plus bas, ou plus proche des
marchés impérialistes, comme le fait
Quebecor aux E.-U. et en France. Confrontés
par des luttes syndicales, ils peuvent avoir recours
au lock-out et aux briseurs de grève
désespérés, comme ils l’ont
fait de plus en plus au Québec, en
dépit des impuissantes lois anti-scab. Et
maintenant ils ont ajusté leur tir pour
attaquer l’éducation publique
supérieure, jugée trop coûteuse. La hausse des frais de scolarité au
Québec fait partie de cette offensive internationale
du capital impérialiste contre les
dépenses pour le capital social
général (social overhead capital)
qui ne contribue aux profits et dont les
capitalistes veulent réduire la
montée. Face à une crise des taux de
rentabilité décroissante, à
l’origine de la crise financière de 2008, ils
veulent faire de l’enseignement universitaire une
source de nouveaux profits. Il n’y a aucune
justification pour la hausse du point de vue du
financement des universités. Le coût de
l’élimination totale de ces frais, quelques
centaines de millions de dollars, est
dérisoire. La bourgeoisie la veut pour
produire des superprofits aux banques grâce
aux dettes étudiantes, et pour soumettre les
étudiants à la discipline de la
servitude à la dette. Donc,
l’attaque du gouvernement Charest n’est pas un
dérapage du PLQ mafieux et
désespéré d’un thème
pour gagner les prochaines élections. Il est
parfaitement en accord avec les actions des
gouvernements et banques aux Etats-Unis, ou le taux
d’endettement des étudiants a augmenté
de autour de 45% des diplômés en 1994
à 94% actuellement, où des centaines
de milliers d’étudiants ont assumé des
dettes supérieures à 50 000 $ (et
maintenant n’arrivent pas à trouver un
emploi). Cette
offensive a été coordonnée et
théorisée pendant deux
décennies par les organismes financiers
internationaux tels que la Banque Mondiale, le Fonds
Monétaire International et surtout
l’Organisation de Coopération et
Développement Économiques (OCDE).[2] Par conséquent, pour
résister à cette offensive du capital
international, il est entièrement insuffisant
de lutter sur la base d’un programme
démocratique bourgeois. Pour la bourgeoisie
il y a des intérêts de classe
fondamentaux en jeu, et ils ne se laisseront
pas détourner par quelques milliers
d’étudiants et enseignants qui ne produisent
pas de profit et même qu’ils peuvent
« perturber »
l’économie, ils ne peuvent pas la stopper. Il
est absolument nécessaire, alors, de
mobiliser une contre-offensive prolétaire,
une réplique ouvrière, à
l’assaut non seulement de Charest mais plutôt
du patronat et de la bourgeoisie toute
entière. Les expressions de solidarité
sont très gentilles, mais surtout que le
gouvernement a lancé le défi, c’est
l’heure de passer à l’action ouvrière
pour paralyser l’économie et la politique. Pour gagner
la grève, il faut indispensablement
l’étendre au mouvement ouvrier. Nous avons
suggéré la formation d’un front commun
des étudiants et enseignants avec les
métallos de RTA Alma, les mécaniciens
d’Aveos à Montréal, les travailleurs
de la construction, comme premier pas vers une
grève d’au moins les secteurs clés de
l’économie québécoise en faveur
des étudiants et tous les travailleurs
visés par l’offensive du capital.
Étant donné la réaction
furieuse de larges secteurs des travailleurs et
même des classes moyennes contre la loi
matraque de Charest, que beaucoup de gens
comparent avec les lois d’exception
décrétées lors de la crise
d’octobre 1970, ont doit même poser l’objectif
d’une grève générale
illimitée pour balayer ce gouvernement de
corrompus qui constitue un danger au bien commun de
toute la population travailleuse. Nous assistons actuellement à un
flot de luttes étudiantes (Porto Rico, Chili,
Grande Bretagne, Québec) qui se mènent
sur la base d’un programme démocratique et
nationale, et qui se trouvent en face d’un front de
fer du capital. Il y avait durant la semaine
passée une manifestation de jusqu’à
100 000 étudiants chiliens et leurs
partisans, il y aura probablement des milliers
d’étudiants québécois et leurs
défenseurs dans les rues de Montréal
le 22 mai. Mais ils restent isolés, les uns
des autres, et ils ne sont pas soutenus par l’action
ouvrière.
Il serait
instructif de considérer l’expérience
de la grève de dix mois de
l’Université Nationale du Mexique (UNAM) en
1999-2000 contre l’attaque du gouvernement qui, pour
satisfaire un contrat avec la Banque Mondiale,
essayait d’introduire des frais de scolarité.
Les étudiants ont dû subir plus de
mille arrestations, mais ils ont sorti gagnants.
Comment est-ce qu’ils ont pu le faire ? Certes,
ils ont occupé la Cité Universitaire
avec des dizaines de milliers de grévistes.
Ils ont combattu les attaques des briseurs de
grève. Les étudiant-es
québécois ont aussi fait preuve d’une
grande combativité dans ce sens, ce qui a
rendu furieux le gouvernement libéral. La
grand différence est l’intervention de la
force de la classe ouvrière. Nous de la Ligue pour la Quatrième
Internationale avions lutté dans la
grève de l’UNAM pour la formation de gardes
ouvrières-étudiantes pour
défendre la grève face aux menaces
d’invasion par l’armée. Au commencement,
beaucoup d’étudiants nous avaient cru fous,
rêveurs de temps passés plus
héroïques. Mais à mesure que la
menace d’une attaque militaire s’approchait, les
comités de grèves ont approuvés
notre proposition. Au moment décisif des
centaines d’ouvriers électriciens sont
arrivés au campus pour intégrer des
gardes conjointes qui ont permis la survie de la
grève. La bourgeoisie mexicaine savait bien
qu’alors que les étudiants pouvaient causer
beaucoup de « gâchis »,
les travailleurs du système de
l’électricité pouvaient plonger la
ville de Mexico dans l’obscurité. Et
aujourd’hui encore, l’enseignement à l’UNAM
est gratuit. La
démocratie des assemblées dans la
grève étudiante au Québec est
un grand acquis, qui a permis de la maintenir
pendant presque 100 jours. L’appui populaire est
énorme. La détermination des
étudiant-es en face de la répression
sans pitié et la diabolisation de la presse
bourgeoise a même surpris les propres
dirigeant-es de la grève. Pour poursuivre une
lutte victorieuse, une lutte de classe qui
dépassent les limites de la fausse
démocratie bourgeoise qui se
révèle maintenant comme un État
policier, il faut forger une direction basée
sur un programme révolutionnaire. Cette
direction, le noyau d’un parti ouvrier
révolutionnaire, n’apparaîtra pas d’un
jour à l’autre. Elle se construira par
l’intervention dans la lutte, proposant des mesures
qui mobilisent les forces nécessaires de
gagner et qui accroissent la conscience de classe. La Ligue
pour la Quatrième Internationale lutte pour
l’indépendance du Québec dans le cadre
d’une fédération des États
ouvriers de l’Amérique du Nord. Nous luttons
sur la base d’un programme internationaliste, contre
le chauvinisme de la bourgeoisie anglophone et aussi
contre le nationalisme bourgeois du PQ et ses
rejetons et le nationalisme et réformisme
petit-bourgeois d’une grande partie de la gauche.
Nous offrons nos observations sur le trajet et le
programme pour la réussite de ce mouvement
historique dans un esprit de solidarité
combative, comme des participants dans une lutte
commune. Mobilisons
la force de la classe ouvrière pour gagner la
grève étudiante ! Envoyons
promener cet apprenti empereur Charest, celui qui
gouverne par la matraque, le gaz et les
balles ! Battons ses bailleurs de fonds et les
forces du grand capital, de Bay Street à Wall
Street, qui se rangent derrière lui ! La
force de la classe ouvrière mobilisée
avec une direction révolutionnaire peut
vaincre sur ces reliques qui représentent la
mainmorte du passé qui veut détruire
notre futur. ■ [1] Le Pacte
international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels,
adopté par l’Assemblée
générale de l'ONU en
décembre 1966, proclamait notamment :
« L’enseignement supérieur doit
être rendu accessible à tous en
pleine égalité, en fonction des
capacités de chacun, par tous les
moyens appropriés et notamment par
l’instauration progressive de la
gratuité » (Article 13[c]).
Pour contacter la Ligue pour la
Quatrième Internationale ou ses sections,
envoyez un courriel electronique à:
internationalistgroup@msn.com
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