mai 2012  

Une « déclaration de guerre » contre la grève étudiante

Québec : Mobilisons la force de la classe ouvrière pour bloquer la loi d’État policier !


 

Enseignants et étudiants face-à-face avec la police anti-émeute à Montréal, le 16 mai. Maintenant les
grévistes se trouvent face à un lock-out et une interdiction de faire du piquetage par la loi matraque
du gouvernement Charest. Il faut que les syndicats se mobilisent pour bloquer cette loi d’État policier. 
(Photo: La Presse)


Traduction du tract en anglais du Groupe Internationaliste distribué lors d’une manifestation à la City University de New York (CUNY), le 18 mai dernier.

18 MAI 2012 – La  grève étudiante combative au Québec, qui est déjà rendu à son quatrième mois, est sous attaque. Elle a été appelée pour bloquer une hausse énorme (initialement de 75%) des frais de scolarité. Jusqu’à 300 000 étudiants ont bravé une répression féroce, incluant plus de 1 600 arrestations. Il s’agit de la plus grande et la plus longue grève étudiante de l’histoire du Québec, et bénéficie d’un soutien populaire étendu. Des centaines de milliers de défenseurs de la grève sont descendus dans la rue à Montréal à plusieurs reprises et aussi ailleurs au Québec. Actuellement, il y a des manifs nocturnes avec quelques milliers de participants. Rien de tout cela n’est rapporté dans les médias américains.

Après que les étudiantes et étudiants partout au Québec aient voté massivement la semaine dernière contre l’« offre » du gouvernement qui maintient la hausse des frais de scolarité (maintenant portée à 82% !), le premier ministre Jean Charest a répondu avec des mesures répressives encore plus draconiennes. Dans la nuit du 15 mai, 122 manifestants ont été arrêtés à Montréal alors qu’ils protestaient contre la menace d’une « loi spéciale ».

Hier soir (17 mai) le gouvernement du Québec a présenté le Projet de Loi n ° 78, qui constitue un lock-out contre les étudiants et les enseignants, en verrouillant les cégeps et les universités en grève jusqu’à la mi-août, et donne à la police un pouvoir arbitraire d’interdire les manifestations. C’est une attaque frontale contre les droits démocratiques et une menace pour les syndicats : les mêmes prétextes (blocage de l’accès) utilisées pour interdire les manifestations étudiantes peuvent être utilisés ensuite pour déclarer hors-la-loi les lignes de piquetage des travailleurs, ce qui dans les faits serait une interdiction des grèves ouvrières. Le gouvernement est en train de faire approuver cette loi d’État policier par l’Assemblée nationale (le parlement du Québec) à marche forcée, et a l’intention de la voter ce soir même [le tract a été rédigé la journée même de l’adoption de la loi 78].

Les dirigeants de la grève étudiante ont à juste titre dénoncé cela comme une « déclaration de guerre » aux étudiant-e-s. Non seulement les quatre fédérations étudiantes en grève contre la hausse des frais de scolarité (symbolisée par le port de tissus avec un carré rouge), mais aussi la petite minorité qui favorisent l’augmentation (qui arborent des carrés verts) et ceux qui veulent une trêve (carrés blancs) sont tous opposés à la loi spéciale, qui imposerait un état de siège sur les campus du Québec.

Selon le Projet de loi n ° 78, les étudiants ou des enseignants individuels qui organisent des manifestations non autorisées (ou toute personne qui encourage, conseille, consent ou autorise d’autres à le faire, même par omission) sont passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 35 000 $ chacun, tandis que les associations étudiantes et les syndicats d’enseignants ou tout autre groupe qui organisent des manifestations de ce type (voire même qui ne demandent pas à ses affiliés de ne pas y participer !) sont passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 125 000 $. Les associations d’étudiants verront aussi leurs cotisations coupées.

En outre, les organisateurs de toute « manifestation de dix personnes ou plus » [ensuite changé à 50 personnes], convoquée par n’importe qui, n’importe quand et n’importe où au Québec, sont tenus d’informer les autorités, au moins huit heures à l’avance et de donner le lieu prévu et de l’itinéraire à la police, qui peut ordonner de les changer à volonté. Tout responsable de n’importe quel groupe qui refuse d’aviser ses membres de se conformer est soumis aux mêmes amendes que celles mentionnées plus haut. Il s’agit d’une interdiction de manifester, une violation flagrante de la liberté d’association.

Le régime Charest est notoire pour sa corruption et est hautement impopulaire. Dans les derniers sondages, 76% de la population se dit insatisfait de lui. Le gouvernement prétend que les étudiants ont « perdu la bataille de l’opinion publique » et que le peuple en a marre de la grève. C’est un mensonge. Un sondage national d’opinion publié aujourd’hui montre que 40% des répondants au Québec veulent geler les frais de scolarité à son niveau actuel (la revendication des étudiants en grève) et encore 15% veulent que les frais soient réduits. La réponse du gouvernement c’est la fuite en avant avec sa loi matraque d’interdire les grèves étudiantes et de museler toute contestation.

Les étudiants du Québec se trouvent dans les premières rangs d’une lutte internationale contre l’assaut capitaliste sur l’éducation publique. Ils ont besoin urgent de notre solidarité active et de notre soutien. Le mois dernier, le chef du bureau des impôts du ministère québécois des Affaires municipales, Bernard Guay, appelait explicitement à imiter les mouvements fascistes en Europe dans les années 1920 et 30 pour « en finir avec les grèves étudiantes » en « en appliquant aux gauchistes leur propre médecine ». Charest poursuit le même objectif en utilisant la puissance de la police pour imposer ses décrets.

Les trois principales fédérations syndicales québécoises (FTQ, CSN et CSQ) ont toutes condamné la nouvelle loi. Mais ce qu’il faut en ce moment, c’est l’action, une mobilisation des étudiant-es et des travailleurs et des travailleuses dans les rues, de paralyser Montréal et d’autres grandes villes, y compris par une grève générale. Le régime autoritaire de Charest est une menace pour les droits démocratiques de tous et toutes et doit être balayé par la lutte des classes en route vers un gouvernement ouvrier.


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